Tous les hebdos l'ont mis à la Une... Hier, "Le Parisien" lui consacrait sept pages... Demain, il sera le rédacteur en chef du Grand journal de Canal Plus...
Dans l'histoire de l'émission, ce sera la sixième fois que Michel Denisot cède son fauteuil.
On est en pleine "Cohn-Benditomania"...
On s'emballe, on s'emballe... Ne pas oublier qu'en 99, on a eu la "Tapiemania"... Quand Bernard Tapie, symbole du fric sans effort, a torpillé la liste Rocard avec la bénédiction de François Mitterrand... C'était pas beau, ça ?
Les médias étaient fous de Tapie... C'était tous les jours... Chaud devant... Sur toutes les ondes, les télés ! "Le Nouvel Obs" le voyait même président de la République en 2002 ! Et puis, la roue tourne.
La victoire d'Europe Ecologie, c'est celle de Daniel Cohn-Bendit. Il n'y a pas un Vert qui pouvait réussir cet exploit-là. Ni Bové, ni Mamer, ni Voynet. Aucun. Il fallait une personnalité comme la sienne. Culottée... Sulfureuse... Gouailleuse... Talentueuse... Pour fédérer sur ses listes des nonistes Verts, les altermondialistes, des associatifs, les libéralo-libertaires, qui se bouffent le nez à longueur de temps...
Mais le coup de génie, c'est l'improbable trio de tête : Dany + Bové + Eva Joly... Le révolutionnaire Vert, le hors-la-loi et la juge lave-plus-blanc... Un vrai titre de western... Et ça a marché !
Mais Daniel Cohn-Bendit est un professionnel de l'Europe. Contrairement à Bové, il aime l'Europe. Il a voté oui au traité constitutionnel. Il vit en Européen : il habite Francfort, il travaille à Bruxelles et Strasbourg et il a fait campagne dans toute la France... Et qu'est-ce qu'il a mouillé sa chemise depuis le mois de janvier !
Avec quatorze élus, autant que le P.S... Les Verts, ils y croient... Ils s'y voient déjà...
Daniel Cohn-Bendit leur a conseillé de garder leur autonomie... De ne pas se fondre dans un grand parti social-démocrate... Alors, ça continue ou ce sera un feu de paille ?
La question, c'est bien : que devient l'alliance Khmers Verts + bobos roses clairs sans Daniel Cohn-Bendit ? Il l'a dit : il veut bien être leur conseiller mais de loin... Pas lui devant ! Il ne veut pas être chef de parti. Ni ministre. Ni président de la République. Parce que "C'est pas une vie", comme il l'a dit et il tient à sa vie privée.
Au fond, c'est un Sage. Et c'est aussi pour ça qu'on l'aime... Parce que son dévouement n'en a que plus de grandeur. Mais imaginez que, poussé par ses amis, il leur cède... Demande la nationalité française pour être candidat en 2012... Eh bien, le charme opèrera beaucoup moins... Les ennuis commenceront parce qu'il agacera vite et les médias, saturés, se détourneront...
C'est écrit d'avance.
Ce qui demeure, c'est l'écologie... Qui n'a jamais eu autant le vent en poupe : il y a une vraie demande... Une attente...
Absolument. Cette campagne européenne a été un révélateur : partout en Europe, la gauche a perdu.
La social-démocratie n'est plus une religion parce qu'elle n'est plus l'apanage d'un camp, ni un espoir... Vu que tous les gouvernements de droite appliquent des recettes social-démocrates... Et le libéralisme, dans sa version ultra, en a pris un sérieux coup aussi.
Avec le changement climatique, la planète en danger, la foi se porte vers l'écologie. D'ailleurs, elle ses grands prêtres : Nicolas Hulot, Yann Arthus-Bertrand... Ses rites : il y a un look écolo...
Il y aussi ses dogmes : l'espérance d'une civilisation verte. C'est une somme de crédos contradictoires et non démontrés... L'agriculture écologique peut-elle suffire à nourrir la planète ? S'opposer à la concurrence sauvage ?
Très bien... Dire plus de liens, moins de biens, c'est chouette... Mais le Vert à la place du rose, c'est pas encore fait...