Marc-Olivier Fogiel : Bonjour Claude Askolovitch ! Ce soir, on joue l’épisode “réconciliation” du feuilleton du PS. Finalement, Martine Aubry et Ségolène Royal seront ensemble en meeting à Rezé.
Et vous l’avez dit Marc-Olivier, c’est un feuilleton et c’est très ennuyeux. Une fois de plus on résume la politique à une telenovela. Ca existe aussi à droite : le match Copé-Bertrand, ça vaut bien le carnet de bal de Aubry et Royal. Le fond du problème, c’est l’incohérence politique. Ces deux femmes d’Etat ne se sont pas disputées pour des raisons futiles.
Le rôle historique de Martine Aubry pour ceux qui l’ont fait élire, c’était d’en finir une bonne fois pour toutes avec Ségolène Royal, qui était le contraire de la raison et qui détruisait les principes même de la social-démocratie. La stratégie de Ségolène Royal, après le Congrès de Reims, c’était de se reconstruire à côté du PS et contre le PS, prisonnier de son appareil, englué dans le conservatisme et le refus de la société. Ni l’une ni l’autre n’ont le courage de rester sur leur ligne.
Marc-Olivier Fogiel : Elles sont peut-être raisonnables, parce que le PS doit afficher son unité en campagne électorale?
Admettons, la partie, le parti est en danger ! Mais l’apparence de l’union ne sauvera pas le PS de la menace électorale. Les socialistes sont intéressants et utiles quand ils défendent des services publics européens, pas quand ils alimentent leur propre feuilleton. En réalité, le PS est miné par l’incertitude et le déclin. On a l’impression qu’il ne mourra jamais, les socialistes contrôlent tellement de villes, tellement de régions, tellement de départements ! Mais ils n’ont aucune stratégie nationale, ils ont peur de leur vide, et ils finissent par être hypnotisés par leurs apparences. On fait meeting commun pour le dire et le montrer aux médias mais en même temps, tout le monde voit le côté futile et hypocrite de ces retrouvailles et les socialistes eux-mêmes ont conscience du ridicule. Martine Aubry plaisante sur cette rencontre de ce soir. Elle parle d’un meeting entre voisins et chez elle, l’humour tient lieu de sincérité ! Même les socialistes n’arrivent pas à se prendre au sérieux.
Marc-Olivier Fogiel : A vous entendre, il aurait mieux valu que ce meeting n’ait pas lieu...
Il vaudrait mieux que les socialistes soient clairs entre eux et dans leurs têtes et pas seulement en meeting. Par exemple, Ségolène Royal qui allait chercher François Bayrou pour battre Sarkozy, est-elle d’accord avec la ligne actuelle de la campagne, qui renvoie le centriste aux enfers de la droite libérale ? Ce qu’elle dira ce soir, Ségolène Royal, ce sera en phase, ou en contradiction avec Aubry ? A part ça, il y a autre chose de curieux et vous allez me comprendre Marc-Olivier, vous qui aimez le football : faire un meeting électoral décisif un soir de finale de ligue des champions, c’est quand même compliqué pour un parti qui se veut populaire. En plus, il y a récidive, la dernière fois, ils avaient voulu présenter leur plan de relance le jour de l’investiture d’Obama. Les socialistes ont parfois tendance à oublier que le monde continue à vivre, loin d’eux et de leur feuilleton...