Marc-Olivier Fogiel : bonjour Claude Askolovitch. Les Verts veulent boycotter le discours de Nicolas Sarkozy devant le Congrès réuni à Versailles lundi prochain. C’est déjà le retour de l’opposition pure et dure ?
Pour l’instant, ça ressemble à une rechute des Verts ! Cohn-Bendit était en week-end dans le sud de la France, ses amis Verts en ont profité. Ils ont peut-être été grisés par leurs 18%, comme si le parti Vert y était pour quelque chose ! Donc vous avez un petit club, le conseil national interrégional des Verts, qui a proclamé que le Congrès de Versailles était un meeting de l’UMP et qu’il fallait le boycotter. Ensuite un Parlementaire de talent comme Noel Mamère a invité tout le reste de la gauche à suivre cet exemple. Il faut bien suivre cette histoire : si les députés et les sénateurs Verts refusent de venir à Versailles (Voynet est sur cette ligne), on aura un instant solennel de la vie républicaine transformé en polémique. Personne ne va y gagner, ni la République, ni les Verts, ni l’opposition.
Marc-Olivier Fogiel : l'erreur des Verts, c'est d'apparaître comme des mauvais joueurs ?
Leur erreur c’est de se tromper, si j’ose dire ! Ils se trompent de discours. L’opposition absolue et de principe à un Nicolas Sarkozy qui serait un faux démocrate et qu'il faudrait boycotter, c'est une stratégie qui a été essayée, notamment par Bayrou, et ça n'a pas vraiment marché. La force des écolos pendant les européennes, c'était d'être sur le fond des sujets et d'être des opposants joyeux et constructifs : c'est le style Cohn-Bendit.
Là, on retrouve un visage fermé et on joue avec les institutions. Ce discours devant devant le Congrès, est une réforme que le président a voulue, mais elle a été votée ! C'est la constitution, c’est la loi.
Les Verts disent que le Parlement n’est pas respecté de manière générale, ils disent que les débats sont souvent bousculés par le gouvernement et que le boycott est une manière de protester. Cela risque de provoquer exactement l’effet inverse !
Marc-Olivier Fogiel : pour vous, ce discours de Sarkozy devant le Congrès, c'est une avancée démocratique ?
Ca dépend ce que tout le monde en fera. Il y a un enjeu lundi prochain à Versailles : il y aura un débat après le discours du président, il faut que ce débat soit le plus ouvert possible, que toutes les familles politiques puissent s’exprimer. Ensuite, il y a une question culturelle. Il y a eu un problème dans la présentation de cette réforme, l'idée que le président fasse un grand honneur à la représentation parlementaire en allant parler devant elle. La France a parfois du mal à se débarrasser de sa culture monarchique. Aux Etats-Unis, il y a chaque année un grand discours sur l'état de l'Union, le président vient devant le Congrès... Mais c'est présenté comme un honneur que font les parlementaires au chef de l'Etat, qui vient modestement informer la représentation nationale. Là bas, les élus sont une force et les parlementaires sont d'autant plus respectés qu'ils se respectent. Il ne leur viendrait pas à l'idée de se boycotter eux-mêmes !