Le Cémagref, institut de recherche sur l'agriculture et l'environnement, a piloté pendant trois ans une étude sur les conséquences des incendies pour la forêt méditerranéenne. On y comprend que UN feu, ce n'est pas trop grave. En fait, la survie de la forêt est en jeu si la même parcelle brûle plusieurs fois.
Oui, les conclusions de cette étude sont assez étonnantes, car on découvre que UN incendie sur une parcelle boisée, évidemment les arbres brûlent, évidemment le paysage devient cauchemardesque, mais pour l'éco-système, pour la vie dans le sol, les petits animaux, les petits organismes, les racines des plantes... Eh bien dans le sol, aucun dégât n'est à ce stade irréversible. En 15 à 25 ans, tous les paramètres physiques et chimiques reviennent à la normale. Et 50 ans plus tard, on ne voit plus rien, les arbres sont de nouveau là, c'est long, mais la nature reprend totalement le dessus.
Ce qui met vraiment en danger la forêt, c'est quand une parcelle brûle plusieurs fois. Par exemple, 2 feux à 10 ans d'intervalle. Ou alors 4 incendies étalés sur une cinquantaine d'années. Il y a un effet "4ème feu". A ce stade, les espèces sont de moins en moins nombreuses, il y a moins de terre, elle devient plus pauvre, la forêt peut être définitivement condamnée. Ca veut dire que là, il n'y aura plus d'arbres. 4 feux, c'est fatal pour l'éco-système.
On pourrait prendre des mesures de protection plus ciblées ?
Oui, parce que du coup, on peut concentrer les efforts de prévention sur les forêts qui ont déjà brûlé. Les forêts qui sont là depuis des dizaines d'années, si elles brûlent, celles-là sauront se régénérer. Et puis ce que disent aussi ces chercheurs, c'est qu'on pourrait aider les forêts brûlées à renaître en faisant ce qu'on fait à la maison pour les plantes vertes, évidemment à une autre échelle : en leur donnant du compost.
L'info en plus : et paradoxalement, cette année pourrait être une année à incendie, car la pluie a fait pousser beaucoup de végétaux dans les sous-bois, ce qui est un facteur aggravant.