Renault envisage d'installer une activité de démontage et de recyclage des voitures en fin de vie, sur son site de Flins, dans les Yvelines. Projet étonnant, car ce n'est pas une activité habituelle pour un constructeur, et surtout parce que le secteur recyclage auto est en pleine crise.
Oui, parce qu'on peut toujours faire des lois et prendre des décrets pour décider de façon autoritaire qu'il faut démonter tant de voitures par an, et recycler tant de matières premières sur chaque voiture - normalement on doit être à 85% d'une voiture recyclée - s'il n'y a pas de demande pour les matières premières recyclées, alors la filière n'a pas de viabilité économique, et c'est la crise. Eh bien voilà, nous sommes en plein dedans ! La crise est telle qu'en ce moment, le démontage de la voiture coûte plus cher au recycleur que sa revente sous forme de matériaux et de pièces détachées. Car les clients, souvent, de très gros industriels, se font rares. La production d'acier a baissé de 20% l'an dernier en France, alors qu'elle utilise 50% de matière première recyclée. Et voilà le résultat : une tonne de carcasses autos se vendait 200 euros l'an dernier. Il faut la vendre au moins 120 à 150 euros pour être rentable. Eh bien, en mars, la tonne de carcasses ne dépassait pas 20 euros.
Peu de demande, et en même temps beaucoup plus de voitures mises à la casse ?
Oui, on vous en a déjà parlé sur Europe1. La prime à la casse marche très bien, du coup ce sont 300.000 voitures de plus qu'il faudrait déconstruire cette année. Les démolisseurs accumulent des stocks de carcasses en se demandant ce qu'ils en feront demain. Bref, c'est toute la profession qui est déstabilisée par la baisse des prix. Etonnant, donc, de voir dans ce contexte Renault penser à se recycler dans le recyclage.
L'info en plus : l'ensemble de la filière recyclage emploie 32.000 personnes en France, mais on s'attend bientôt aux premiers licenciements.