Dans le dossier OGM, beaucoup de décisions transitent par Bruxelles. Et nous sommes à un moment important, où les cartes sont rebattues...
Oui, pour deux raisons... D'abord sur le maïs de Monsanto, le MON810. C'est le seul OGM dont la culture soit autorisée en Europe. Cette autorisation avait été donnée pour 10 ans, il y a 10 ans. On est donc en train de la renouveler. C'est la Commission qui s'en occupe, en appliquant les règles de droit actuelles. Ce sera long, d'autant plus long que le contexte a beaucoup évolué, puisque ce sont maintenant 6 pays qui ont déclenché la clause de sauvegarde, en clair qui ont dit non aux OGM, dont la France. La Commission ne peut pas ne pas en tenir compte, mais en même temps elle ne peut pas interdire sans élément scientifique probant.
Deuxième raison, c'est que justement, les méthodes d'évaluation des OGM vont changer. Actuellement, on cherche s'il y a des risques. Et s'il n'y en a pas, l'OGM est autorisé mais demain, après-demain, on va poser la question autrement. Est-ce que les OGM sont intéressants, du point de vue de la société, de la population... On va sortir du discours purement scientifique, pour réfléchir dorénavant avec des sociologues, ou des économistes. C'est d'ailleurs la France qui vient de convaincre les 26 autres d'adopter cette réflexion plus sociétale, cette réflexion élargie.
Et les OGM qu'on ne cultive pas, mais qu'on importe ?
Ah, c'est peut-être là le vrai enjeu. La Commission européenne veut autoriser l'importation d'un riz OGM de Bayer, ce qui provoque déjà des pétitions d'opposants. Il y a aussi, et surtout, l'alimentation animale. Les tourteaux de soja OGM américain ou canadien qu'on fait manger à notre bétail, et on ne s'en prive pas, dans l'ensemble de l'Europe.
L'info en plus : en France, le Conseil National de la Consommation vient de se prononcer en faveur d'un étiquetage de la viande et des oeufs spécifiant "élevé sans OGM", ce qui n'existe pour l'instant que pour les végétaux.