Deux anciens présidents sont en bonne place dans les journaux ce matin.
On pourrait même dire que l’image de ces deux anciens chefs d’état s’entrechoque, puisque d’un côté, vous avez le journal Le Figaro qui explique que "Bill Clinton est tout auréolé du succès de sa médiation en Corée du Nord", avec la libération des deux journalistes, "extirpées des griffes du dernier régime stalinien du monde". Mais donc, si Bill Clinton a les honneurs de la presse, il y a aussi un autre ancien président qui occupe la Une du Parisien/Aujourd’hui en France. C’est le nôtre ! C’est Jacques Chirac. Mais, attention, pas de mission de paix ou de libération d’otages, non, puisqu’on voit un Jacques Chirac, déambuler dans les rues de Saint Tropez, tout sourire, la chemise ouverte, en train de serrer des mains aux touristes. "Notre reporter a suivi l’ancien Chef d’Etat, en toute décontraction", écrit Le Parisien. Chirac est en effet à Saint Tropez pour deux semaines de vacances chez son ami, le milliardaire François Pinault. Et donc, pendant que Bill Clinton était à Pyongyang, Jacques Chirac, lui, sirotait des pina-colada à la terrasse de Senequier, sur le port de Saint Trop (c’est le Parisien qui le dit !). "Chirac a carrément volé la vedette aux top-modèles Kate Moss et Karen Mulder. C’est lui la vraie star de Saint Tropez, le people le plus photographié par les paparazzi". Pour se remettre de son voyage en Corée du Nord, on conseille donc à Bill Clinton d’aller à Saint Trop'. François Pinault devrait pouvoir lui payer des pina-colada, à lui aussi !
Au delà de ce choc d’images, entre ces deux anciens présidents, ce qui fait les gros titres, ce sont les suites de cette affaire des bonus accordés aux traders de la BNP.
Après les révélations de Libération hier sur ce milliard d’euros promis aux traders de BNP Paribas, la presse commente abondamment ce que Le Figaro appelle "une nouvelle polémique". Libé souffle sur le feu qu’il a lui-même allumé, en titrant sur "le scandale des bonus", et en notant que cette "polémique se développe". Et c’est le moins que l’on puisse dire ! Alors, logiquement, le journal L’Humanité s’étrangle en parlant de rechute, "comme ces malades qui sortent d’une brève cure de désintoxication pendant laquelle ils ont juré leurs grands dieux que 'jamais plus', et qui s’arrêtent aussitôt au bistrot du coin". À croire que "les leçons de la crise" ont déjà été oubliées, confirme Jacques Guyon dans La Charente Libre. "Oubliées par ceux qui ont allumé l’incendie, mais aussi par ceux qui continuent à leur laisser la boîte d’allumettes". En écho, Libération insiste sur le fait que BNP Paribas devrait dépenser différemment ses bénéfices. "Plutôt que de récompenser ces traders devenus chasseurs de prime", écrit François Sergent, "ne vaudrait-il pas mieux utiliser ces provisions pour rembourser les Français qui ont secouru BNP Paribas quand ça allait mal ?" Mais non. Tout ça, n’est "qu’une fausse controverse", estime de son côté Yves Thréard du Figaro. "La France n’en finit pas d’entretenir des rapports embarrassées, équivoques, jaloux, avec l’argent", et Thréard d’ajouter qu’on "devrait plutôt se réjouir de voir nos banques en relative bonne santé". Quant au Parisien, outres la BNP, il nous apprend que chez l’Ecureuil aussi, on se verse des bonus. Les dirigeants des caisses régionales de la caisse d’épargne reçoivent ainsi de jolies sommes d’argent. En Ile-de-France, par exemple, les quatre membres du directoire ont reçus 332.000€ l’année dernière (l’année du cataclysme financier, souligne Le Parisien).
On reste dans les "gros sous", avec la question des aides reçues par les agriculteurs.
Pour vous dire que jusqu’à présent, on parlait de 500 millions d’euros que les producteurs de fruits et légumes auraient indûment reçus. Mais, surprise, le journal les Échos, ce matin, croit savoir qu’en fait l’ardoise serait plus proche des 700 millions d’euros. "La facture risque de s’alourdir" titre notre confrère, qui ajoute que Bruno Le Maire, le ministre de l’agriculture, risque d’avoir bien du mal à dénombrer avec précision les agriculteurs concernés par ces aides illégales, car, révèle les Échos, les archives antérieures à 1999 ont en effet été détruites ! Ça parait incroyable, mais il n’y aurait plus de traces des sommes versées avant 1999. Or, on le sait, les aides dénoncées par Bruxelles ont débutées dés 1992.
On va terminer par un autre dossier qui risque de faire du bruit : la réforme des Prud’hommes.
Cette fois, c’est Jean-Marie Bockel qui pourrait bien déclencher la colère. C’est toujours le journal les Échos qui en parle ce matin : "Pour améliorer le fonctionnement des Prud’hommes, le secrétaire d’État à la Justice voudrait supprimer l’oralité des débats et ne plus rendre obligatoire la conciliation entre les parties". Le but étant de raccourcir les délais et de désengorger les conseils. Deux évolutions, qui inquiètent aussi bien le patronat que les syndicats, qui ne sont pas demandeurs d’une telle réforme. Bref, "ce projet, qui n’est pas encore écrit, suscite déjà une levée de boucliers", peut on lire dans les Échos. Mon petit doigt me dit qu’on aura l’occasion d’en reparler très vite.