Cachez ce mot que je ne saurais lire...
"Crise !"... C’est dit. Mais vous ne le lirez pas deux fois dans La Tribune qui s’interdit le mot répété à l’infini, jusqu’à 50 fois par numéro. La réalité reste têtue, plus encore qu’on ne le redoute, puisque l’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, qui a l’oreille de Nicolas Sarkozy, emploie un mot terrible dans Le Monde. Il ne cache pas sa crainte, si la relance par les Etats n’est pas plus vigoureuse, de voir la récession se transformer en "Grande Dépression". Le quotidien prend soin de mettre une majuscule à Grande et Dépression. Les Français veulent oublier la crise à l’occasion de Noël, note Le Figaro. Reflet contrasté dans L’International Herald Tribune. "A Paris, le pire et le meilleur". Premier article sur les problèmes de logement dans la capitale avec la situation d’une femme de 31 ans, deux enfants, qui a un emploi mais pas de toit. Second article titré : malgré les rigueurs du temps présent, il y aura toujours à Paris du Champagne ! Le Champagne ? Pas pour tout le monde, mais La Tribune incite ses lecteurs à en acheter : une bouteille de plus à Noël puis au jour de l’An, cela vaut mieux, pour les comptes de la nation qu’un iPhone à 79 euros made in China.
Noël... Ou la volonté de se montrer sobre, et solidaire !
La Croix a rencontré ceux qui ont choisi de fêter la Nativité dans un esprit de sobriété et de solidarité. Ouest-France illustre sa Une d’un dessin de la nativité haïtienne, signe de solidarité avec ce pays durement frappé. "Noël", c’est le gros titre. François-Régis Hutin signe quelques lignes sur cet "Etre exceptionnel dont nous fêtons la naissance". On retrouve la signature du patron de Ouest-France, parmi celles d’Alain Juppé, de Michel Rocard en bas d’un texte publié par Le Monde : "Noël dans la crise : un rendez-vous dans l’espérance". Sont rappelés les piliers fondateurs de la pensée sociale chrétienne, comme celui-ci : la destination universelle des biens (la propriété privée est légitime si son détenteur en communique aussi les bienfaits à ceux qui en ont besoin). Priorité de l’homme sur l’économie. De celle des pauvres sur les privilégiés. "Alors que les valeurs matérielles s’effondrent, beaucoup cherchent refuge dans les valeurs spirituelles", note Le Financial Times qui a enquêté à la city. Morale... Ethique... Générosité... Libération signe un numéro spécial avec Reporters d’espoirs : malgré la récession, les associations et les citoyens redoublent de créativité pour faire bouger les lignes (Finance solidaire, micro-projets...)
-Tu ne tueras point...
C’est du cinéma et même une comédie, les critiques sont très favorables pour le film Louise-Michel, avec Yolande Moreau. Radicalement politiquement incorrect. L’histoire : une usine de textile qui se délocalise. Les licenciées décident de buter le patron. C’est dit comme ça dans Le Figaro aussi enthousiaste que L’Huma. "Incisif et honteusement hilarant", note France-Soir. Il n’y a pas mort d’hommes, le film pourrait être projeté ce soir à Villemur sur Tarn où les ouvriers de Molex ont décidé de camper pour prévenir tout déménagement de leur usine de sous traitance automobile en Slovaquie (comme c’est programmé). La Dépêche du Midi relate le repas de Noël hier devant l’usine, les visages avaient des allures de fantômes. "Images d’une mort annoncée", écrit le journal de Toulouse.
Julien Dray, la suite
Le député PS espérait colmater les fuites en portant plainte pour violation du secret professionnel. Le Parisien titre en gros : Révélations. Sur de nouveaux bénéficiaires proches de Julien Dray. Sur les donateurs, entrepreneurs de l’Essonne. Et un producteur de musique antillaise. Le Canard Enchaîné a joint le député vice président du Conseil général, qui dément toute contrepartie à des marchés publics. "Ce sont des amis. De vieux potes. Quand j’ai un passage difficile, c’est vrai je les tape". Est-ce qu’il rembourse : "Heu... pas toujours..." Vincent Peillon, dans Le Parisien, déclare que si les faits sont avérés, ils sont délictueux, "mais c’est tellement secondaire par rapport aux manipulations financières, au vol des petits épargnants". L’autre citation du jour, dans Le Monde, Jean-François Copé, patron des députés UMP : "J’ai atteint la première partie de mon objectif, me rendre indispensable". La seconde ? Pour plus tard, l’Elysée ? "Je ne suis pas un contre pouvoir, je suis un pouvoir. Je suis, tout simplement". Jean-François Copé aurait pu poursuivre : "Je suis une force qui va... Je me sens poussé d’un souffle impétueux, d’un désir insensé..." Hernani, Victor Hugo.