2007… 2012… Ils s’y projettent déjà… Hier à Nice, lors d’un meeting avec des militants UMP en marge de son déplacement sur le thème de sécurité, Nicolas Sarkozy a conclu par une allusion à la prochaine présidentielle. "C’est vous, c’est vous !" scande la foule. Ségolène Royal peut aussi compter sur la foule de ses supporters, "prêts à croire aux lendemains qui chantent", a constaté Libération. Son association "Désirs d’avenir" s’accroche à sa raison sociale : la destinée présidentielle de celle qui provoque chez ses fidèles un frisson permanent. "Je lui voue une véritable passion. Elle a éveillé en moi quelque chose qui n’existait pas. Il s’agit d’éléments physiques ou métaphysiques qu’on ne peut pas expliquer". Vincent de Haute – Savoie. "On est heureux d’être là, avec elle. On a envie de chanter."Françoise, militante en région parisienne. De la rénovation politique au renouveau charismatique, le double jeu est assumé, constate David Revault d’Allonnes qui a recueilli les témoignages mais n’a guère obtenu d’informations sur le financement de Désirs d’avenir, en partie assuré par "quelques hommes riches", dont un homme d’affaires belge !
Signe que l’effervescence monte, la récolte littéraire du printemps. Une récolte, note Le Monde, au goût plus ou moins prononcé de vinaigre. La guerre des droites aura lieu donc en librairie! Copé, Paillé, Bayrou, Villepin… tous s’apprêtent à livrer leur essai politique. Le nouveau Dominique de Villepin, La Cité des hommes, se veut une réflexion sur la crise. Lyrisme de rigueur. "Construire la cité des hommes… ou être englouti par une nouvelle barbarie". C’est l’alternative pour l’ancien premier ministre qui sent dans le pays un climat révolutionnaire, et paraphrase Engels : le comparse de Marx avait posé ce dilemme : "Ou bien passage au socialisme ou rechute dans la barbarie". A l’UMP, Dominique de Villepin est l’objet de sarcasmes pour sa posture d’opposant de choc, manière pour lui, disent-ils, d’oublier ses déboires avec la justice. La riposte s’organise aussi à François Bayrou. Dominique Paillé, porte parole de l’UMP, va répondre dans un livre à celui de François Bayrou, Abus de pouvoir. Virulent pamphlet contre le chef de l’Etat que le président du Modem a écrit (lui-même) raturé, réécrit, raconte son éditrice dans VSD. Le Monde évoque le goût vinaigré de cette rentrée littéraire politique, mais le journal en rajoute un filet. "François Bayrou, que la modestie n’a jamais étouffé, annonce poser là ‘un acte fondateur’ dans son duel avec Nicolas Sarkozy, à l’instar de François Mitterrand et de son Coup d’Etat permanent publié en 1964 contre le Général de Gaulle, observe Sophie Landrin.
Egalement en gondoles, Jean-François Copé. Avec Un député ça trompe énormément, dont L’Express publie quelques bonnes feuilles, mais avec ce titre : tête à claques ou nouvelle star ? Derrière la vision des institutions du président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, et le récit émouvant de la rafle d’Aubusson qui a failli coûté la vie à ses grand-parents et son père en 1940 (des Justes leur ont ouvert la porte de leur appartement juste à temps). L’ambition perce (Jean-François Copé a déjà évoqué sa candidature à l’Elysée en 2017). Il l’écrit : dans mon titre, il y a président. Je ne vais pas le cacher, c’est un mot que j’aime bien. A une ministre, il lance un jour (ça n’est pas dans le livre) : "Vous, vous êtes des chiens, vous avez un collier autour du cou. Moi je suis le loup !"
Avant 2012, il y a tout le monde l’espère, la sortie de crise, et la question qui s’imposera dans la campagne : comment venir à bout des déficits et de la dette qui se creusent. Le Figaro Economie rapporte que Bercy, très inquiet de la dérive des comptes sociaux, veut relancer le débat sur le recul de l’âge de départ à la retraite. La question pourrait être posée en 2010 lors du prochain rendez-vous retraite. Une question qui ne touche guère les politiques, l’ambition ne s’arrête pas avec l’âge! Même Jacques Chirac bat des records de popularité, ce qui lui vaut les honneurs de VSD sous le titre audacieux : "Chirac en embuscade" (ce sont ses fidèles qui se voient relancés)… Le "roi fainéant" savoure sa revanche, lit-on encore. Un petit écho du Canard Enchaîné sur l’auteur de la formule sur les rois fainéants : le commentaire de Nicolas Sarkozy : "On me dit qu’on devient populaire quand on ne fait rien. Mais dans le cas de Chirac, c’est inexact. Sinon, il aurait été populaire du temps de sa présidence." Et toc. La hache pas enterrée.