"Les cas choquants de rémunération des patrons attisent la violence". La phrase prononcée hier par François Fillon est mise en exergue par Libération qui révèle les 8 millions d’euros de primes versées aux cadres dirigeants de la banque Dexia, sauvée de la faillite par l’Etat. Le journal épingle aussi l’augmentation de 30% que s’est octroyée le nouveau patron, Pierre Mariani. "Les cas de réduction réelle des avantages patronaux se comptent sur les doigts d’une main. Les salariés vraiment licenciés, eux, se comptent par milliers", dénonce Paul Quinio. "La colère sociale s’exprime en France et en Europe", souligne Courrier International. "Comme un air de révolte". Mais les actions les plus violentes sont typiquement françaises, relève la presse étrangère : elles soulignent l’impuissance des syndicats, pour la Süddeutsche Zeitung.
L’équipementier automobile Molex est venu allonger la liste des séquestrations de dirigeants d’entreprises. 26 heures de retenue qui n’ont pas entamé la détermination des deux cadres, le cogérant de l’usine de Villemur sur Tarn et sa DRH. Interviewés par Le Parisien, ils dénoncent une action pilotée de l’extérieur. Marcus Kerriou, le cogérant, qui estime avoir été humilié a cette phrase qui est au minimum humiliante pour ses ouvriers : "Il y a un décalage entre le professionnalisme avec lequel est gérée la communication (il parle de la colère sociale) et le niveau intellectuel de certains salariés". Fin de citation.
Autre souvenir de violence sociale, et une autre approche… Bernard Tapie. Il fait la une du Point, avec ce titre provocateur :" Comment gagner des millions". Longue interview d’un nouveau riche qui lance : "Etre retenu une nuit dans son bureau, ce n’est pas très agréable, mais il n’y a pas de quoi hurler"… Tout le monde n’a pas le caractère de Tapie, qui se souvient : "Quand j’ai annoncé qu’on supprimait 120 postes chez Wonder, une ouvrière m’a cogné avec un parapluie. Mes explications, elle s’en foutait puisqu’elle perdait son boulot. Aujourd’hui encore, je ne peux pas lui donner tort."
Comment gagner des millions ? Combien au fait à l’issue de son duel contre le Crédit Lyonnais. Le Point évalue entre 85 et 150 millions d’euros la somme que touchera Bernard Tapie qui s’acharne à nier toute faveur présidentielle et qui a plein de projets (dont un site nanard.com pour donner de bons tuyaux). Il confesse :"On m’a le plus souvent puni pour ce que je n’avais jamais fait. D’un autre côté, j’en ai fait aussi sans qu’on m’attrape…"
Autre passage fort du Point consacré à Rachida Dati, avec des extraits de l’enquête de Jacqueline Rémy, "Du rimmel et des larmes". Serait-ce de l’acharnement ? demande l’hebdo. Tout se discute de ce que raconte d’elle-même Rachida Dati. "Tout ministre de la Justice qu’elle est encore, elle se montre assurément moins experte en droit qu’en passe droits, grâce auxquels de nombreux puissants sous le charme lui ont fait la courte échelle", écrit Michel Richard qui décrit Rachida Dati sur une voie de dégagement européenne dont on se doute qu’elle ne l’a pas choisie…
Le 7 juin, ça vous dit quelque chose ? Si vous répondez oui, alors bravo… Vous êtes de ceux qui ont noté le grand rendez-vous européen sur leur agenda, et qui iront probablement voter pour élire leur député au parlement européen. La Vie se mobilise et s’inquiète : qui veut couler l’Europe ? Politiques fuyants, pêcheurs exaspérés, Obama envahissant… L’Europe manque cruellement d’un prophète éclairé, déplore La Vie, alors que Valeurs Actuelles n’est pas tendre pour les "folies" du Parlement, institution au fonctionnement haut en couleurs dénonce l’hebdo, avec des élus dotés de petits privilèges. Plusieurs journaux reprennent le palmarès de l’assiduité des eurodéputés français (les bosseurs, les dilettantes, les abonnés absents): la socialiste Pervenche Beres est notée 9/10, Marine Le Pen 0/10…
Tout autre chose, Coco Chanel, symbole de liberté, et d’insolence. Alors que le beau film d’Anne Fontaine est sorti hier (et que l’on attend celui de Jan Kounen), la presse britannique s’étonne que l’attitude de la créatrice pendant l’Occupation soit passée sous silence… Elle eut une liaison avec un officier nazi, ont rappelé le Guardian, le Times et le Telegraph… Elle fut furieusement antisémite, lit-on… Elle a même tenté d’utiliser les lois antijuives contre ses actionnaires…La presse française s’étonne, de La Croix à Sud Ouest ce matin encore de la censure de sa cigarette sur les affiches dans le métro ; la presse britannique s’étonne de ce passé qui ne passe pas, et dont on ne parle pas. Comme une auto censure des artistes, et des consciences françaises.