Nous sommes à l’heure de ce que François Mitterrand appelait "la gestion paroxystique des crises".
Christine Clerc, qui rappelle dans Le Télégramme la formule de l’ancien président, ne voit pas Nicolas Sarkozy s’inspirer du "Machiavel" socialiste. Pourtant le chef de l’Etat est attendu aujourd’hui avec un discours apaisant pour les médecins hospitaliers. La ministre elle-même, Roselyne Bachelot, qui va défendre sa loi au Sénat, a promis des "gestes d’apaisement" devant la montée de la contestation (L’Alsace annonce une semaine agitée). Du côté des universités, et contrairement à la version officielle selon laquelle les ponts seraient coupés, des discussions secrètes se tiennent depuis fin avril pour rapprocher les points de vue, révèle Le Figaro. Ils sont généralement 16 autour de la table : les directeurs de cabinet de Valérie Pécresse et Xavier Darcos, dix représentants d’organisations syndicales et quatre de fédérations. Sans effet de manche, une sortie de crise est recherchée sur la formation des maîtres (la masterisation, dans le jargon des initiés). Un point clé pour les étudiants qui se destinent à l’enseignement. La réforme des universités a déjà été "rabotée", rappelle Michel Vagner dans L’Est Républicain, qui s’interroge : que va-t-il en rester au final ? Même question pour la réforme de l’hôpital ? Une autre ministre joue l’apaisement : Rachida Dati. Il n’y aura pas finalement de révolution dans la justice des mineurs, annonce Le Figaro. Les deux mesures les plus fortes mais aussi les plus controversées, défendues au départ par la Chancellerie ont disparu du nouveau texte : pas de prison même exceptionnellement pour les enfants de 12 ans, et les 16-18 ans continueront d’être jugés par le tribunal des mineurs. Et la presse d’évoquer un "baume apaisant" appliqué sur ces réformes.
L’opposition pourra se réjouir des "reculades" gouvernementales mais il est une réforme qui ne reçoit pas de "calmants sur ordonnance", comme le disent les DNA : celle du travail législatif !
Il règne un climat de "haute tension" entre l’UMP et le PS à l’Assemblée nationale, raconte La Croix. On n’hésite plus à s’insulter : c’est une députée de la majorité à qui on dit que sa proposition de loi est nulle, ou encore un parlementaire qui, en guise de réponse à l’interpellation d’une collègue féminine, lui montre sa braguette. Cette dégradation du climat nuit à la qualité des débats et à l’instauration de nouvelles règles du jeu parlementaire visant à redonner de la vitalité à la démocratie, pas moins. Sur ce dernier point, Bernard Accoyer, peine à imposer ses vues au groupe UMP emmené par Jean-François Copé : le président de l’Assemblée nationale sort du bois dans Libération pour alerter les "siens" d’une réforme trop partisane.Les couacs sur les OGM et le travail du dimanche, puis le récent revers infligé sur la loi Internet sont à l’origine de ce climat dégradé (En marge de la loi Internet, Christine Albanel bat sa coulpe, et fait savoir via Libé qu’elle a suspendu un mois son collaborateur qui avait envoyé à TF1 le mail du cadre de la chaîne contestant la répression des pirates du téléchargement).
La presse se mobilise pour le 7 juin.
Encore trop de Français ignorent que c’est la date des élections européennes. Gros effort pédagogique du Progrès, des Echos, de Libé ou encore de La Croix pour convaincre de l’importance du scrutin. Petite campagne, gros enjeux, souligne Le Progrès. Le Figaro met en avant le couple franco-allemand relancé par Sarkozy et Merkel à Berlin. Mais en Allemagne comme en France, un absentéisme record est annoncé, déplorent Les Echos. Un oublié des listes de la majorité exprime sa déception. Le fataliste Jacques Toubon, député européen sortant : - On dit que Jacques Chirac n’a rien fait pour vous, lui glisse Le Parisien. - Selon les informations dont je dispose, il ne m’a pas soutenu. - Vous êtes pourtant resté proche de lui ? - Oui, enfin, je le croyais. Jacques Toubon confirme la rumeur. Un journal avait rapporté que Bernadette Chirac, consulté en haut lieu, avait lâché à son sujet : "On en a assez fait pour lui". Ce n’est pas un motif de consolation, mais Jacques Toubon s’arrêtera dans le même journal sur le dossier : 10 raisons de garder le moral. L’immobilier frémit, les prix à la pompe restent bas, la Bourse remonte... L’amitié, en politique, reste une valeur incertaine.