Les Unes de presse sont des "témoins de l’Histoire", comme le souligne Le Monde dans son numéro 20.000.
En prime avec ce numéro anniversaire, un second cahier de vingt grandes Unes qui composent en soi un récit du monde. A la Une de ce numéro 20.000, dont on prolongera la lecture avec le formidable ouvrage reprenant une centaine de grands reportages publiés par le quotidien, à la Une donc ce mot de "déception" accolé au Pape. "Benoît XVI a déçu les Israéliens, et réconforté les Palestiniens". Envers les premiers, il n’a eu ni le geste ni les mots susceptibles d’emporter leur sympathie. Trop de froideur, manque d’émotion comme au mémorial de la Shoah. La presse allemande, qui déplore ce manque de charisme et d’empathie, ne s’est pas privée de corriger le pataquès du Vatican (ajoutant au malaise) au sujet du passé de Benoît XVI dans les jeunesses hitlériennes. Le pape avait lui-même raconté dans son autobiographie avoir été enrôlé de force à 14 ans, comme tous les autres jeunes séminaristes de l’époque. Sud-Ouest comme Le Figaro auraient aimé que Benoît XVI trouve les mots de la compassion à l’égard des rescapés et des fils de la Shoah "au lieu de donner l’impression de se livrer à un exercice diplomatique", écrit Adrien Jaulmes, le correspondant du Figaro à Jérusalem.
Parlons de la Une de ce journal : une photo pour l’Histoire -tout de même-, avec Benoît XVI ?
Le pape prie avec les représentants des religions juive et musulmane à Nazareth. Main dans la main, les bras levés, unis un instant dans un même élan. Une prière interreligieuse pour la paix qui rappelle celle d’Assise en 1986 avec Jean-Paul II. Sauf qu’à l’époque, rappelle Le Figaro, celui qui était alors le cardinal Joseph Ratzinger n’avait pas caché son scepticisme à l’égard de telles initiatives risquant à ses yeux de favoriser le syncrétisme, l’idée que toutes les religions se valent. La Croix, sans nier que Benoît XVI n’a pas réussi à renverser son image négative en Israël (en cause aussi, l’obsession sécuritaire qui aurait gâché la fête), La Croix salue la réussite d’un pèlerinage religieux et politique. L’autre image à retenir avec celle de la prière commune, le pape au pied d’un mirador, devant le mur qui sépare Israël des territoires palestiniens.
Une question iconoclaste : Dieu est-il français ?
Elle est posée par François Lenglet dans La Tribune, à propos de la récession en France, moins désastreuse que chez nos voisins. Fortement négative néanmoins, la croissance a reculé de 1,2% au premier trimestre (Les Echos révèlent le chiffre attendu de l’Insee) ; cela fera moins 3% cette année. Pour redresser les comptes, le gouvernement va s’attaquer aux niches sociales, a annoncé François Fillon dans Le Figaro. La participation, l’intéressement, les plans épargne entreprise, l’actionnariat salariés, les aides directes aux salariés (chèques restaurant, chèques vacances, etc.) sont visés, détaille La Tribune.
Comment une série de meurtres remontant à quelque 30 ans refait surface.
Un suspect est en garde à vue après l’identification de son ADN retrouvé sur un mouchoir en papier retrouvé sur la scène d’un crime remontant à 1982 ! On le soupçonne de 3 autres meurtres de jeunes femmes entre 1980 et 1983 dans l’Essonne. Révélation du Parisien. Mais ces crimes risquent d’être prescrits (le délai au-delà duquel plus aucune poursuite ne peut être engagée est de 10 ans). Le suspect, ex délinquant inscrit sur le fichier des empreintes génétiques, est aujourd’hui rangé et réinséré, explique le journal qui pose bien sûr la question de la prescription pour les meurtres ou assassinats. Question qui risque d’être relancée avec les progrès techniques en matière de recherches génétiques. Un dessin de Ranson illustre le dossier : deux policiers viennent cueillir un suspect dans une maison de retraite, qui leur lance : je savais que vous viendriez. A lire encore ce matin, dans Libé, la une et la der... La une : la grande inégalité des indemnités de licenciement en fonction des entreprises. La der : portrait de Christophe de Margerie, directeur général de Total. L’auteure du portrait, Alexandra Schwartzbrod, avoue au risque de se faire des ennemis, qu’elle l’a trouvé formidable et humain. Pour lutter contre l’image de son groupe, Christophe de Margerie avait eu cette drôle d’idée : lancer une grande campagne avec distribution gratuite de paillassons siglés Total sur lesquels les Français pourraient s’essuyer les pieds à loisir et décharger ainsi leur agressivité contre le groupe pétrolier. Son service de com n’a pas apprécié, il a remballé son idée. La com de Total a dû juger que la presse, sauf exception, suffisait à exprimer cette agressivité.