"Messieurs les Français, pliez vos bagages et restez chez vous". Nombre de Belges vivent très mal la vente de Fortis, la première banque de Belgique, à BNP Paribas. Et, les petits actionnaires l'ont fait savoir en assemblée générale : "Le peuple belge est debout. Vous nous demandez de vendre notre Fortis aux Français pour des cacahuètes". Sur le ton de l'ironie, certains ont commencé à entonner la Marseillaise. Une ambiance finalement très gauloise. On a même vu des projectiles, des chaussures, des pièces de monnaie, voler en direction des dirigeants de la banque. Mais, au moment du vote, les grands actionnaires, les fonds de pension, ont fait la différence. Et l'opération est passée comme une lettre à la poste, approuvée à plus de 70 %, permettant à BNP Paribas, de devenir la première banque de dépot de la zone euro.
Mais, c'est bien cette omni-présence française qui agace les Belges. Car, il faut le reconnaître, cette intrusion tricolore n'est pas une première en Belgique. Si on regarde dans l'énergie : Total a racheté la première compagnie pétrolière du Pays (Petrofina). De même Suez a racheté la première compagnie d'électricité belge : Electrabel. Idem dans la grande distribution qui est aux mains de Carrefour. Bref, le royaume belge s'est peu à peu dissous dans le drapeau tricolore. En même temps, les Belges sont, du coup, très présent dans notre CAC 40.
On pourrait presque dire que notre CAC 40 est devenu franco-belge. Prenons, justement, l'opération Fortis. En échange, les Belges vont récupérer 11 % de BNP Paribas. Mais, c'est la même chose avec Total. C'est peu connu, mais le premier actionnaire de Total est... un Belge. Albert Frère qui, également très présent chez GDF Suez, Pernod Ricard, Schneider... Bref, en caricaturant un peu, les Belges sont partout dans notre CAC 40. On va dire que c'est là, l'effet de la Mondialisation. Même, si soyons honnête, à l'échelle du globe, le choc culturel franco-belge, reste quand même limité !!!