Les services, le secteur tertiaire, c'est vrai qu'on avait que ce mot à la bouche depuis des années. Tandis que les sites industriels, eux, (avec leurs cheminées qui fument) étaient, au mieux, gentiment ringards, au pire polluants. Hé bien, selon le président du géant allemand Siemens (qui est l'un des plus grands groupe industriel du monde), il va falloir revoir nos classiques. Car, cette "économie des services" est une chimère, qui se nourrit de bulle explique-t-il. C'est la bulle immobilière en Espagne. La bulle financière en Grande-Bretagne. La bulle du crédit aux Etats-Unis où, on s'endette pour acheter des produits fabriqués ailleurs. C'est vrai que, par opposition, l'Allemagne a conservé ses usines, son "made in Germany". En Allemagne, l'industrie représente encore le quart du PIB, deux fois plus qu'en France ou en Grande-Bretagne.
Et pourtant, l'Allemagne est l'un des pays les plus touchés par la crise (avec une croissance qui a chuté de 3,8 % au premier trimestre). Donc, c'est difficile de parler de "modèle allemand" ! Oui, mais, cette crise est entièrement extérieure au pays. Car, on ne le dit pas assez, mais l'Allemagne dispute à la Chine, le titre de premier exportateur mondial. Et, donc logiquement, si le monde va mal, naturellement, l'Allemagne vend moins au monde. "Mais, nous ne voulons pas changer de modèle" martèle la chancelière Angela Merkel.
Et c'est ce qu'expliquait également hier, le PDG de Siemens dans le Financial Times : si les Européens veulent rester riche, il n'y a pas de secret, il faut produire en Europe. Produire des objets inventés en Europe et ensuite les exporter, que ce soit des voitures, du matériel médical ou scientifique. Car bien sûr, ajoute-t-il, comme ici, la main d'oeuvre est plus cher, il faut être innovant. Bref, il nous faut redécouvrir les vertus de l'industrie. Et donc, mettre un terme à toutes ces délocalisations. Un discours finalement très positif, qui donne envie de se retrousser les manches.