D'abord premier constat dans ce rapport de la caisse d'assurance maladie que s'est procuré la Tribune : il y a de plus en plus de gens malades, en tous les cas le nombre de remboursements a bondi de plus de 6 % au premier trimestre, ce qui est inhabituel en période de hausse de chomage. En général, dans ce genre de période délicate, les gens ont tendance à faire un effort, à se tenir à carreau. Or, on le voit, les remboursements d'arrêts maladies progressent sensiblement. La sécurité sociale ne donne pas d'explication. Peut-être que justement les travailleurs somatisent comme on dit. La France va mal, mon entreprise va mal. Donc je vais mal.
Et puis, bien sûr, dans la masse, il y a les faux malades. Ca représente plus de 10 % des arrêts maladies. Dans le détail, pour les arrêts de moins de 45 jours, 13 % exactement des congés se sont révélés injustifiés. Alors que pour les arrêts plus longs, de plus de 45 jours, ce taux baisse à 11 %. Mais attention, si on les détecte, ces faux malades, c'est parce qu'il y a des contrôles assez nombreux. L'assurance maladie dit avoir réalisé 285.000 contrôles pour les salariés en arrêt de courte durée. Ca fait tout de même près de 1.000 contrôles par jour. Et surtout, les contrôles sont 4 fois plus nombreux pour les arrêts de longue durée. Donc, avis aux faux malades : les médecins de la Sécu existent et ils contrôlent.
Est-ce qu'on a une idée de ce que ça représente ainsi ces arnaques à l'assurance maladie ? Ces luttes contre la fraude - parce qu'il existe de très nombreuses fraudes - ont permis à la caisse d'assurance maladie de récupérer 132 millions d'euros l'an dernier. C'est à la fois beaucoup, et négligeable. Ca représente à peine 0,1 % des remboursements effectués, qui se chiffrent en centaine de milliards. Donc, ça ne réglera pas le problème du trou de la Sécu. Néanmoins, traquer cette fraude est d'abord moralement nécessaire. Et puis cela peut avoir un effet vertueux sur chacun d'entre nous et dissuader les comportements du types : "moi aussi, je peux bien profiter du système, avec tout les gens qui abusent, qui trichent même sur le compte de la Sécurité Sociale". D'où cette volonté de renforcer les contrôles. Et rappelons que la Sécurité Sociale devrait afficher cette année un trou historique de 20 milliards d'euros.