C'est presqu'une trahison envers cette petite communauté des grands patrons qui nous explique qu''il faut toujours plus de stock options pour motiver un dirigeant d'entreprise et, qu'attention, il y a un marché mondial pour les PDG. Si vous ne les payez pas assez, ils s'en iront. Et c'est ainsi que la rémunération du top management s'est envolée... Envolée... Avec parfois quelque clashes. Comme le mois dernier : en assemblée générale, les actionnaires de Shell, ont voté contre la rémunération du directeur général, dont les revenus avaient bondi de 58 % à plus de 10 millions d'euros, alors que Shell n'avait pas atteint ses objectifs. On pensait l'affaire terminée. Mais, hier, rebondissement, dans les colonnes du Financial Times, Joeren van der Veer, (c'est son nom) fait ces aveux un peu déroutants. Dans un élan de franchise, il déclare tranquillement : "vous savez, si j'avais été payé 50% de plus, je n'aurais pas mieux travaillé. Et si j'avais été payé 50% de moins, je n'aurais pas moins bien travaillé." Bref, toutes ces salades sur les bonus et l'argent, source de motivation, à partir d'un certain moment, ça ne tient plus la route. En tous les cas le patron de Shell le reconnaît très clairement : qu'il soit payé 5 millions, 10 millions, ou 15 millions, sur le plan professionnel, ça ne change plus rien.
Oui mais, c'est un peu tard, de faire ce méa-culpa à deux semaines de la retraite ! C'est le grande critique. Partout, les commentaires fusent sur le thème : mais, alors pourquoi avez accepté tout cet argent. C'était vous le patron. Il fallait savoir dire stop. C'est vrai. D'autant qu'en plus, maintenant qu'il a fait fortune, le patron de Shell explique qu'il faut changer le système. "Il est clair pour moi que les gens sont très sensibles à cette question des rémunérations. Et les bonnes entreprises devraient régler ce sujet au niveau de leur conseil d'administration". Bref, les bonnes entreprises doivent moins payer leur PDG. C'est le monde à l'envers ou plutôt, un retour aux réalités selon les aveux du patron de Shell, aveux qui c'est vrai, arrivent un peu tard mais, ont le mérite d'exister.
Et autre signes de cette colère qui gronde : les actionnaires de Valeo ont rejeté à 98%, mardi dernier, le parachute doré de l'ancien PDG, Thierry Morin. (C'est la justice maintenant qui tranchera)