EDF avait prévenu, qu'en cas de succès, il se réservait le droit d'écourter ainsi la période de souscription. C'est ce qui s'est passé. Il faut dire que cet emprunt avait tout pour réussir. Un taux plutôt sympathique de 4,5 %, soit nettement plus que livret A qui est de 1,75 %. Et puis, l'émetteur est sympathique. En tous les cas EDF apparaît en tête dans le classement sur les entreprises préférées des Français.
Si l'emprunt a du succès, c'est aussi parce que les Français ont de l'argent à épargner. Si on fait un rapide calcul. Deux milliards et demi de récoltés, avec des emprunts vendus 1.000 euros pièces, on peut penser, à la louche, que quelque deux millions de Français ont souscrit. C'est de bonne augure pour le "Grand emprunt national" que veut lancer l'Etat l'année prochaine. Même si l'Etat compte emprunter nettement plus que deux milliards et demi. En tous les cas, effectivement, les Français ont toujours un petit pécule quand il s'agit d'épargner. Et l'argument selon lequel, 82 % des Français disent ne pas vouloir souscrire, cet argument ne tient pas, puisqu'il suffit qu'à peine 5 % des Français participent à l'opération pour que ce soit un succès. Rappelons que l'emprunt Balladur, en 93, a été souscrit par 1.400 000 Français, soit à peine 2,5 % de la population.
Attention à ne pas tomber dans l'euphorie béate, en parlant de succès. Comme le souligne l'économiste Nicolas Baverez, l'emprunt, c'est le mot élégant pour parler de la dette. Cet emprunt Sarkozy n'est rien d'autre que de la dette supplémentaire qu'il faudra rembourser, sans parler des intérêts de cette dette qui commencent à devenir franchement handicapants. Un chiffre fait réfléchir. La cour des Comptes a calculé que les seuls intérêts de notre dette coûtent maintenant, chaque année, 1.950 euros par actifs. Deux fois le SMIC. Voilà chaque année, ce que nous coûte, non pas le remboursement de la dette, mais simplement les intérêts. Et, selon les derniers chiffre de l'Insee, la dette de l'Etat représente aujourd'hui 73 % du P.I.B. Ce sera 77 % à la fin de l'année (et ce, sans compter le "Grand emprunt national" qui sera lancé l'année prochaine.)