De plus en plus de Français ont peur du "déclassement" social, c'est-à-dire de vivre moins bien que leurs parents). C'est ce que montre un rapport remis, jeudi, à la secrétaire d'Etat à la prospective et à l'économie numérique Nathalie Kosciuzko-Morizet.
Près d'un Français sur quatre agé entre 30 et 50 ans, (la génération née dans les années 1960, 1970) affiche aujourd'hui une position sociale inférieure à celle de ses parents. Le déclassement social peut prendre une autre forme : vous avez fait des études supérieures et vous occupez un poste non qualifié. Ce phénomène (qu'on appelle également le "descenseur social") est bien réel et progresse.
Même si attention, et c'est heureux...On n'est pas face à une explosion du phénomène. On l'a dit aujourd'hui, cela concerne entre 22 % et 25 % des trentenaires et des quadragénaires...Si on regarde, trente ans en arrière, en 1980, la proportion était de 18 %. La hausse reste contenue malgré tout.
Un sentiment de déclassement social très fort
En revanche, ce que montre les enquêtes d'opinion, c'est que le sentiment (le "ressenti" comme on dit) de "déclassement social" est très fort. Une majorité de Français considère que sa situation s'est dégradée au cours de ces dix dernières années. C'est ce qui est intriguant. Nombre de Français ont le sentiment de vivre moins bien alors que le niveau de vie a quasiment doublé depuis 1970. Alors, pourquoi ce sentiment que la vie est plus dure aujourd'hui ? On peut l’expliquer par l'envolée de ce qu'on appelle les "dépenses contraintes". Il y a tout d'abord le logement, dont le budget a quasiment doublé en 20 ans, tout ce qui est télécom. Faites, le calcul, dans une famille type, avec trois abonnements, cela représente un budget de 2000 euros par an. C'est une dépense qui n'existait pas il y a dix ans. Au final, ces dépenses contraintes, qui nous sont prélevées de façon automatique en début de chaque mois représentent aujourd'hui 40 % du budget d'une famille. Contre 20 % dans les années 80. D'ou cette impression qu'il ne nous reste plus rien pour vivre. Alors qu'en fait collectivement, notre niveau de vie a nettement augmenté.