Rien ne va plus entre la Chine et l'Australie. Depuis une dizaine de jours, une affaire politico-industrielle envenime les relations entre les deux pays. Elle met en cause le géant minier australien Rio Tinto dont l'un des cadres vient d'être arrêté. La Chine le soupçonne d'avoir monté un système d'espionnage et de corruption. En toile de fond : l'approvisionnement de la Chine en minerai de fer. La Chine qui est le premier importateur mondial !
Il s'appelle Monsieur Hu. Stern Hu. Il est d'origine chinoise, mais de nationalité australienne. Avec trois autres cadres de Rio Tinto, il a été arrêté le 5 juillet dans les bureaux du groupe à Shanghaï. Pour l'instant les autorités de Pékin gardent le silence, mais la presse chinoise étale clairement tous les griefs qui lui sont reprochés : "vol de secrets d'Etat causant d'énormes pertes aux intérêts économiques et à la sécurité du pays". Rien que ça ! Et dans la foulée, les journaux racontent que Rio Tinto et d'autres compagnies minières étrangères, auraient soudoyé des industriels chinois pour avoir accès à certaines données comme le niveau des stocks de minerais, les prévisions de production d'acier, ou encore des informations financières. Des données stratégiques dans un pays qui se modernise à tout va, et qui a besoin pour ça de quantités faramineuses d'acier. Rien que l'an dernier, la Chine a importé 443 millions de tonnes de minerai de fer et elle a produit à elle seule 40% de l'acier fabriqué dans le monde !
Pour corser le tout, c'est en ce moment que se négocient les prix du minerai de fer.
Les négociations auraient dû s'achever le mois dernier, mais elles traînent en longueur à cause, précisément, des Chinois qui, invoquant la baisse de la demande mondiale, exigent des rabais de la part des compagnies minières. Sauf que les besoins de la Chine, eux, restent élevés, et c'est là qu'une connaissance précise de ces besoins par les producteurs de minerai peut se révéler déterminante dans la négociation des prix.
En apparence, donc, tous les ingrédients du scandale sont réunis, mais il faut se méfier des scénarios trop bien écrits.
Oui, les Australiens se demandent si les accusations d'espionnage visant Rio Tinto ne relèvent pas plus simplement du règlement de comptes. Sachant qu'il y a un peu plus d'un mois, Rio Tinto a rompu les négociations qui devaient permettre au géant chinois de l'aluminium Chinalco d'entrer dans son capital à hauteur de 18%. Qui dit vrai ? On ne le saura sans doute jamais, mais beaucoup voient dans cette affaire un avertissement aux entreprises internationales. Avertissement sur les risques potentiels du commerce avec la Chine.