Les grandes banques américaines continuent de publier des résultats insolents. Après Goldman Sachs et JP Morgan, en milieu de semaine dernière, deux autres grandes institutions de Wall Street ont annoncé, juste avant le week-end, des bénéfices supérieurs aux attentes pour le second trimestre : 3 milliards 200 millions pour Bank Of America, 4 milliards 300 millions de dollars pour Citygroup ! Voudraient-elles nous faire oublier la crise ?
C'est par elles que la crise est arrivée et aujourd'hui, ce sont elles qui, si on n'y prenait garde, pourraient nous faire croire que la parenthèse est refermée et que tout peut repartir comme avant. La pluie de milliards qui est tombée la semaine dernière sur Wall Street a quelque chose de surréaliste si on se souvient du tremblement de terre provoqué il y a à peine dix mois par la faillite de Lehman Brothers. Les banques qui ont résisté au choc n'ont eu qu'à se pencher pour ramasser les morceaux de celles qui ont sombré. Aujourd'hui, la digestion est terminée, et les bénéfices sont là, insolents ! Au fait d'où viennent-ils, ces bénéfices ? Sûrement pas de l'activité "banque de détail", qui continue de souffrir parce que c'est une activité qui vit au rythme de l'économie réelle, qui, elle, reste bien malade, y compris aux Etats-Unis. Non, les Goldman Sachs, JP Morgan et autres Bank of America ont profité à plein des bonnes opérations à faire sur les marchés financiers et dans la banque d'investissement. Opérations d'autant plus profitables que certains concurrents ont disparu.
Serait-ce reparti comme avant ?
Ca en a tout l'air, en tout cas dans certaines salles de marchés, où l'idée de distribuer de généreux bonus fait un retour en force. Depuis le début de l'année, Goldman Sachs a mis plus de dix milliards de dollars de côté pour récompenser ses équipes une fois l'exercice clos. On évoque déjà un bonus moyen de 700.000 dollars par salarié, ce qui serait un record. L'administration Obama, on le sait, veut faire obstacle au retour de ces pratiques. Elle prépare une série de mesures pour limiter la distribution des bonus. Des mesures qui s'appliqueront aux banques qui ont reçu de l'argent de l'Etat fédéral au moment où tout allait mal. Or, voilà qu'au mois de juin la banque Goldman Sachs s'est empressée de rembourser les 10 milliards de dollars d'aide publique qu'elle avait reçu à l'automne dernier. Histoire de bien faire comprendre que, désormais, elle n'a plus de comptes à rendre aux autorités américaines.