Le gouvernement français se veut rassurant à propos de la grippe A. Le ministre de l'intérieur Brice Hortefeux a jugé hier qu'il n'y a "pas de raison de s'alarmer, mais nécessité de se préparer". Bref, à en croire le gouvernement, nous sommes à peu près à l'abri du risque sanitaire. Il n'en ira sans doute pas de même du risque économique.
D'après la Banque mondiale, une pandémie pourrait entraîner une baisse de 0,7 à 4,8% du PIB de la planète (selon la gravité de ladite pandémie). Ca rajouterait de la crise à la crise. Et le plus rageant, dans l'histoire, c'est que le scénario qui nous attend est peut-être celui d'une dépression économique qui précéderait la crise sanitaire proprement dite. La pandémie n'est pas encore là (elle sera peut-être d'ailleurs d'une ampleur plus limitée que ce qu'on craint : souvenez-vous du SRAS, en 2003, on redoutait 500 millions de morts, il n'y en a eu, au bout du compte, que quelques centaines), mais la psychose, elle, est en train de s'installer. Et on a déjà vu par le passé ce qu'une psychose peut provoquer sur le plan économique. Au lendemain du 11 septembre, par exemple, c'est la crainte de nouveaux attentats qui avait conduit les entreprises à limiter les voyages, à renoncer aux séminaires, aux congrès, aux salons professionnels. Il n'y avait pas eu, finalement, d'autres attentats, mais l'économie mondiale en avait subi le contre-coup.
Au risque d'alimenter la psychose, on est quand même obligé de réfléchir à l'impact que la pandémie pourrait avoir sur l'économie mondiale.
C'est d'ailleurs ce qu'ont fait les experts de la Banque Mondiale. Selon son degré de gravité, la pandémie, disent-ils, entamera le PIB de la planète dans une fourchette allant de 0,7 à 4,8%. Dans leur scénario, il y a d'abord les mesures de prévention elles mêmes (les restrictions en matière de voyages, de séminaires, de congrès dont on parlait à l'instant). Mais il y a aussi et surtout le dérèglement de l'appareil économique. Si le virus frappe la population active, les entreprises vont devoir faire face à des taux d'absentéisme élevés et leur production s'en ressentira aussitôt. Sans parler des services publics, qui fonctionneront au ralenti. Du côté de la demande, aussi, l'épidémie aura des conséquences : les gens sortiront moins, iront moins au restaurant, feront moins de tourisme. On l'a vu avec le SRAS : en 2003, le tourisme à Honk Kong a chuté de 60%.
L'économie mondiale se passerait volontiers d'un tel scénario, qui risque de survenir au plus mauvais moment.
Au moment où quelques petits coins de ciel bleu commencent à apparaître ici ou là, patatras ! Dans une étude publiée la semaine dernière en Angleterre, un groupe d'experts a estimé que la pandémie risquait de repousser d'un à deux ans le redressement de l'économie mondiale. Je vous ai plombé le moral, désolé, mais y a des jours comme ça...