Journée cruciale pour l'industrie automobile en Allemagne. Après celui de Porsche qui s'est tenu hier soir, c'est ce matin que Volkswagen réunit son conseil de surveillance. A l'ordre du jour : la recherche d'une solution pour mettre un terme à la guerre fratricide qui oppose les deux constructeurs depuis plusieurs mois. Au delà des enjeux industriels, il y a une querelle d'hommes et de pouvoirs entre deux branches rivales d'une même famille. Bref, tous les ingrédients d'un feuilleton qui passionne les Allemands.
La guerre entre Porsche et Volkswagen, c'est d'abord une guerre entre deux hommes. D'un côté : Wendelin Wiedeking, nommé à la tête de Porsche il y a 18 ans par les héritiers du fondateur de la marque. A l'époque, les milieux d'affaires allemands ne donnent pas cher des chances de ce provincial inconnu : erreur ! Sous sa houlette, en quelques années, à coups de rationalisation de l'outil industriel, Porsche devient le constructeur le plus rentable du monde... et Wiedeking, le patron le plus payé d'Allemagne. Dans le camp d'en face, on trouve Ferdinand Piech, patron du navire amiral de l'industrie automobile allemande, le groupe Volkswagen, mais aussi cousin du propriétaire historique de Porsche. Au delà de l'opposition entre les deux hommes, le conflit est donc un conflit familial entre deux branches de la famille Porsche.
Deux branches qui se déchirent pour exercer une suprématie sur un pan entier de l'industrie automobile allemande.
Fort de son succès à la tête de Porsche, Wendelin Wiedeking s'est mis en tête, il y a quelques années, de prendre le contrôle de Volkswagen. Le but, aujourd'hui, est presque atteint puisque Porsche détient 51% du capital de Volkswagen. Les Allemands n'en reviennent pas : David va mettre la main sur Goliath ! Mais la crise financière survient et contrarie les plans de Porsche (qui a dû emprunter pour réaliser son raid et qui n'a plus les moyens, aujourd'hui, de faire face à sa dette de 10 milliards d'euros !). Pour garder son indépendance, Porsche pourrait obtenir un soutien du côté du Qatar, mais ce scénario n'est pas le plus probable. L'autre solution (celle qui tient, semble-t-il, la corde) c'est le rachat par Volkswagen des activités automobiles de Porsche. Vous avez bien compris : celui qui allait être mangé pourrait finalement manger celui qui voulait le manger !
Cette journée du 23 juillet sera-t-elle celle de l'armistice entre les deux clans ?
Pas sûr, tant il y a de passion des deux côtés. Et d'enjeux d'argent aussi ! Si Wendelin Wiedeking s'en va (ce qui est très clairement envisagé dans l'hypothèse où Volkswagen raflerait la mise), il ne partira pas sans rien. La presse allemande évoquait hier-soir la somme astronomique de 250 millions d'euros d'indemnités !