Longtemps considéré comme le fleuron de l'industrie électronique française, Thomson vit des heures cruciales. Le groupe avait jusqu'à aujourd'hui (vendredi 24 juillet) pour trouver un accord avec ses banques sur une réduction de sa dette. Aux dernières nouvelles, les discussions iraient dans le bon sens. Ça vaut mieux, car l'entreprise se trouve dans une passe plus que délicate.
Vous vous souvenez sûrement de la petite phrase d'Alain Juppé en 96. Il était alors premier ministre, et il voulait vendre Thomson au coréen Daewoo. "Thomson, avait-il dit, ça ne vaut même pas le franc symbolique !" Thomson, finalement, n'a pas été vendu à Daewoo. Bien lui en a pris : en quelques années le groupe français s'est refait une santé, grâce, notamment, au marché américain sur lequel il avait une position stratégique. Mais, sous la houlette de Thierry Breton, qui deviendra par la suite ministre de l'Economie, Thomson décide quelques années plus tard de sortir de son métier de base (l'électronique grand public) et de se recentrer sur l'équipement et les services pour les professionnels du cinéma et de la télévision. Le choix de la valeur ajoutée plutôt que celui de la production de masse. A l'époque, peu de voix s'élèvent contre ce choix : à quoi bon, en effet, s'acharner à fabriquer des postes de télévision quand les Chinois les produisent pour beaucoup moins cher ?
Thomson semblait avoir trouvé sa voie. Alors, que s'est-il passé pour que le groupe soit aujourd'hui moribond ?
En fait, Thomson n'a jamais vraiment réussi à s'imposer comme leader mondial des technologies de l'image. Il aurait pu, grâce aux innombrables brevets qu'il possède, mais il a sans doute manqué d'ambition. Résultat : le groupe est très vite retombé dans le rouge et le cours de bourse a plongé. L'action Thomson valait 80 euros en 2000, aujourd'hui, elle ne vaut même pas un euro.
La négociation en cours avec les banques, c'est donc le plan de la dernière chance.
Aujourd'hui, Thomson est étranglé par une dette de près de 3 milliards d'euros. L'oxygène pourrait venir des banques, si elles acceptent d'abandonner leurs créances, en tous cas en partie, en échange d'une entrée dans le capital. Souvenez-vous : c'est la solution qui a permis de sauver Eurotunnel. Mais les banques veulent obtenir des assurances, et surtout une clarification de la stratégie de Thomson. On devrait être fixés ce soir. Les 23.000 salariés, eux, croisent les doigts. Leur obsession, c'est que l'entreprise qui les emploie ne donne pas raison, treize ans plus tard, à la petite phrase d'Alain Juppé.