Renault et PSA Peugeot-Citroën ont publié des résultats historiquement médiocres sur les 6 premiers mois. On s'y attendait ! Les deux constructeurs font une croix sur l'année 2009 et une partie de l'année 2010. Et pourtant, il y a comme un vent d'optimisme dans le secteur. Est-ce bien raisonnable ?
2009 est une année noire, 2010 le sera aussi et surtout, il y a encore un grand nombre de nuages dans le ciel de l'automobile. Alors c'est vrai, les constructeurs ont réussi à réduire leurs stocks (c'était le principal problème au début de l'année) grâce aux primes à la casse. C'est vrai, ils ont aussi réduit leurs effectifs et leurs capacités de production et on sait que, dans ce secteur, on peut rapidement relancer les chaînes de montage si l'activité repart. Mais la crise n'explique pas tous les problèmes des groupes français, elle a plutôt été un accélérateur et le secteur reste extrêmement fragile.
Les constructeurs se cachent-ils derrière la crise ?
Disons qu'ils connaissent leurs faiblesses et les cachent un peu sous le tapis pour l'instant. Renault, par exemple, mise tout sur ses best sellers : la Clio et la Mégane. Au delà, c'est morne plaine : la Modus est à la peine, le 4x4 Koléos ne trouve pas son public, la Laguna n'a pas réussi à se relancer, la Velsatis est arrêtée et le programme Espace est suspendu. Bref, on ne vend plus de Renault au delà de la Mégane. Chez Peugeot, on tente des coups sur de nouveaux segments mais en prenant le moins de risque possible. On a lancé, par exemple, le 4x4 4007 sous la marque Peugeot. Mais il est développé et produit par Mitsubishi. C'est bien LE problème : nos constructeurs français construisent de moins en moins en France. On produira, cette année, à peu près autant de voitures qu'en 1965 ! Une voiture vendue sur 4 pour Renault et une sur 2 pour Peugeot. Et puis, dans la chaîne alimentaire automobile, il y a un autre problème : celui des sous-traitants et des concessionnaires. Ils alimentent Renault et PSA mais ils sont en voie d'extinction, au bord de l'asphyxie. 13.000 postes de commerciaux auront disparu en un an dans les concessions : 10 fois Continental Clairoix. Et le gouvernement réfléchit à soutenir plus fortement les équipementiers avec l'aide des constructeurs car les faillites se multiplient dans ce secteur.
Pourtant, les constructeurs commencent à voir le bout du tunnel !
Mais ce ne sera qu'en 2011 et leur espoir repose sur une technologie dont on ne sait pas encore si elle trouvera immédiatement son public, à savoir les moteurs électriques, puisque c'est le relai de croissance qu'évoquent PSA et Renault. Surtout, il faut regarder le phénomène dans sa globalité. Le marché français s'en sort mieux que les autres grâce à la prime à la casse. Et les chiffres des immatriculations de juillet qui sera publié lundi prochain va le confirmer. Mais il s'agit d'un soutien artificiel. On sait déjà que le processus sera prolongé en France en 2010, mais la prime sera progressivement diminuée alors que le marché ne sera pas encore sorti de l'ornière. D'ailleurs, la prime à la casse est déjà stoppée en Autriche et risque de l'être en Allemagne après les élections de septembre. Avec cette question : est-ce que nous serons encore prêts, demain, à payer plus cher qu'aujourd'hui nos voitures ?