Le journal de l'économie de Martial You

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à

Martial You consacre sa chronique au récent pic de valeur qu'a connu l'euro. Dans Europe 1 matin, avec Aymeric Caron.

L'euro retrouve des couleurs qu'il n'avait pas connu depuis 8 mois, il a terminé hier proche de ses records historiques puisqu'un euro valait 1,4445 $. Jusqu'à maintenant, la monnaie européenne montait quand l'économie américaine était faible, mais, cette fois, c'est différent : on achète de l'euro car on a le sentiment que l'Amérique repart. Paradoxal, non ?

Depuis de nombreuses années, on nous expliquait que le dollar baissait quand l'économie américaine était à la peine. Là, le billet vert chute car les Etats-Unis repartent! En réalité, ce n'est pas comme ça que fonctionnaient les marchés monétaires depuis le début de l'année. Depuis janvier, le billet vert était devenu une valeur refuge, un placement sûr et sans risque comme l'or ou l'euro. C'était tout simplement, un signe des temps, la spéculation à risque et l'immobilier qui faisaient les beaux jours des marchés ne payaient plus en pleine crise des subprimes. On a donc misé sur les monnaies au moment où tous les gouvernements du monde mettaient les mains dans le moteur économique pour relancer la machine. L'équation était simple : si les États sauvent l'économie, ce sera avec de l'argent publique et donc l'argent est ce qu'il y a de plus sûr aujourd'hui, en attendant la reprise.

Et la reprise est en train d'arriver.

Or, ne nous leurrons pas, les marchés financiers n'ont pas changé leurs habitudes, c'est toujours la course au profit et, à la bourse, cela passe la prise de risque. Tous les résultats d'entreprises américaines de ces derniers jours indiquent une sortie de crise, l'indice ISM de l'activité industrielle (autrement dit les carnets de commandes) est meilleur de mois en mois, les dépenses de construction repartent, bref, on voit le bout du tunnel ! Donc, les marchés délaissent la gestion prudente, revendent leurs dollars pour les actions de sociétés, ce qui donne des records en bourse comme le CAC 40 qui frôle maintenant les 4500 points, en hausse hier de 1,44% en clôture.

Mais, est-ce bien que l'euro soit fort ?

Outre la petite fierté que l'on a toujours quand l'euro bat des records face au dollar, il y a quand même quelques conséquences moins réjouissantes. D'abord : la faiblesse du dollar fait grimper le pétrole, car l'or noir est payé en billets verts et, si le dollar baisse, le pétrole redevient une matière première bon marché et avec les signes de reprise, on se dit que les usines vont repartir : par conséquent, la demande va augmenter et le prix du baril repart à la hausse. On dépassait, hier, les 70 dollars à Londres, un niveau qu'on ne connaissait plus depuis octobre dernier. Un euro fort est donc très bon pour ceux qui veulent partir passer un week-end à New York, c'est un peu moins favorable pour ceux qui mettent de l'essence dans leur réservoir et c'est surtout très dur pour les géants du luxe ou de l'aéronautique français qui fabriquent en euro et vendent en dollar. Sur ce point, heureusement, la France est, en général, un peu épargnée car elle exporte surtout au sein de la zone euro. Mais pour notre premier partenaire, l'Allemagne, gros exportateur, une monnaie trop forte pourrait être très pénalisante au moment ou Berlin entrevoit la sortie de récession.