Le déficit budgétaire s'est terriblement creusé en un an. Il a pratiquement été multiplié par trois. Il s'établissait à 32,8 milliards d'euros en juin 2008 et à 86,6 milliards d'euros le mois dernier. La crise est passée par là.
Très clairement. Et sur ce point, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Alors, je ne vais pas vous noyer sous les milliards, mais disons que l'équation est d'une logique imparable : avec la crise, on a engrangé moins de recettes, tout simplement parce que l'activité a tourné au ralenti et que cela veut dire que les entreprises ont payé moins d'impôts, une chute de plus de 80% des recettes, les rentrées de TVA ou la taxe pétrolière, la TIPP ont plongé de plus de 10%. Donc moins de rentrées financières pour l'État et d'un autre côté, il a fallu réinjecter de l'argent pour soutenir de l'économie. Alors, il s'agit souvent de prêts ou d'une accélération de programmes d'investissements qui étaient déjà prévus dans le ferroviaire ou les autoroutes et qu'on a baptisé le plan de relance. Cet argent devrait revenir dans les caisses mais, pour l'instant, on a dû débloqué des fonds comme la prime à la casse, par exemple (400 millions d'euros) ou des avances de trésorerie comme le prêt aux banques (21 milliards qu'il a fallu sortir cette année). Avec tout cela, on court vers un PIB en recul de 3% cette année et un déficit global multiplié par 2 sur un an pour atteindre les 127 milliards.
Est-ce que ce déficit peut être compensé par les signaux de reprise que l'on nous annonce en ce moment ?
D'abord, il faut faire très attention car l'été est souvent une période d'optimisme chez les économistes et la douche arrive en général en septembre. Oui, l'économie repart mais pour l'heure, on est surtout sur un ralentissement de la chute que sur un rebond. Il y a quelques indicateurs qui sont rassurants. Les marchés financiers jouent la reprise, le moral des patrons repart à la hausse et l'activité industrielle semble se redresser. Mais tout cela, ce sont des indicateurs avancés, comme on dit, et en économie, il y a une inertie. Ce qui est visible par les prévisionnistes aujourd'hui ne sera perceptible par les français que dans un an environ. Or, nous avons un très mauvais calendrier. Tous les plans sociaux dont nous avons parlé depuis 6 mois, vont devenir réels à partir de septembre. Le chômage va donc repartir à la hausse et devrait dépasser les 10% à la fin de l'année. Cela va forcément peser sur le moral des ménages, or, la consommation est le dernier moteur qui tient en France. On ne peut donc pas espérer une vraie relance française tant que le chômage restera endémique. Malheureusement, on ne crée des emplois qu'à partir de 2% de croissance et on est actuellement en récession. Face à tout cela, on comprend que le gouvernement cherche tous les endroits où l'on peut trouver de l'argent. D'où le débat actuel sur les niches fiscales. On a sans doute touché le fond mais on ne sait pas encore si le sol est dur pour permettre le rebond ou si ce sont des sables mouvants.