Pour le 3ème mois consécutif, les prix ont baissé en France. Une baisse qui s'accentue d'ailleurs, -0,2% en Mai, -0,5% en Juin et -0,7% en juillet. Voilà qui est une bonne nouvelle pour notre porte-monnaie.
Si ça ne dure pas ! Actuellement quand on regarde basiquement les indicateurs, nous avons une économie en récession (l'INSEE devrait confirmer ce matin un repli du PIB au deuxième trimestre) et nous avons des prix qui reculent depuis 3 mois, ce qui n'était pas arrivé depuis les années 50. La comparaison historique est amusante d'ailleurs quand on sait qu'on a aussi un déficit public comparable à celui de la France au lendemain d'une guerre. Bref, quand on regarde les chiffres bruts, on a le cocktail parfait pour une déflation. Et là, les comparaisons historiques sont pour le moins inquiétantes, c'est l'après-crise de 29, c'est la crise des années 90 au Japon. Autrement dit un engrenage terrible : les prix baissent parce que les entreprises n'arrivent pas à vendre leurs produits, mais comme elles réduisent leurs marges, elles doivent licencier et en licenciant, elles créent un climat de tension et limitent le nombre de consommateurs, ce qui fait que la demande est de moins en moins forte, les salaires sont gelés, les prix de plus en plus bas et le chômage de plus en plus élevé. Tout ça pour vous dire que ce n'est pas toujours une bonne chose de voir les prix chuter.
Sommes-nous en déflation ?
C'est vrai que beaucoup d'ingrédients font penser à un cycle de déflation : le chômage qui augmentent et les prix qui baissent. Mais il y a quand même quelques détails qui invalident ce scénario, et c'est tant mieux ! D'abord, la consommation se maintient en France. Et ce, depuis le début de la crise. On voit même les français profiter de ce petit gain de pouvoir d'achat pour délaisser un peu les magasins de hard discount et retourner vers les grandes surfaces classiques. Ensuite, on constate un frémissement du côté des carnets de commande, l'activité des entreprise semble vouloir repartir un peu depuis juin. Et le chômage qui va augmenter dans les mois qui viennent pour dépasser le seuil symbolique des 10% sera la conséquence des plans sociaux des 9 derniers mois. Ce sera une photo en retard, un sépia économique ! Enfin, cette baisse est surtout dûe à l'effondrement des prix pétroliers. Le cours du baril était à plus de 140 $, il y a un an, c'est-à-dire le double d'aujourd'hui, soit une baisse de 27,4% sur un an. Si on enlève le pétrole et les produits frais dont les prix sont très volatiles, on s'aperçoit que l'inflation est, en réalité, de +2,2%.
Ça veut dire que les prix n'ont pas baissé ?
Si, mais, encore une fois, on ne s'en rend pas compte au quotidien parce que, hormis lors des soldes, les prix ont augmenté de 0,5% dans le textile, par exemple. Là où l'on a senti la différence, c'est sur les fruits et légumes qui ont baissé de 13,5% sur un an. Les récoltes sont abondantes cette année et cela fait partie des prix que les Français connaissent. En revanche, au moment où le chomage va repartir officiellement à la hausse, à la fin du mois. L'inflation va progressivement remonter, tout simplement, parce qu'à partir de l'automne 2008, le pétrole a commencé à chuter. Mais, 2% de hausse est un niveau normal d'inflation qui permet aussi de maintenir un certain niveau de hausses de salaires, par exemple. Et, dans les cafés-restaurants, on connait le premier effet de la baisse de la TVA à 5,5%, les prix se sont repliés de 1,3% dans les restaurants et de 0,7% dans les bars. Peut mieux faire !