Source : archives sonores d’Europe 1 et sujet paru dans Le Monde et Le Figaro des 9 et 10 mai 1981.
La France entre dans "une période d’incertitude". Telle est la première réaction officielle de Jacques Chirac, au soir de l’élection de François Mitterrand à la tête de la République. Le président sortant, Valéry Giscard d’Estaing, n’a, lui, fait aucune déclaration officielle.
C’est donc une droite divisée, y compris dans ses réactions, qui a pris acte de la première élection d’un président socialiste depuis le début de la Ve République.
"Les Françaises et les Français ont élu monsieur François Mitterrand président de la République et ceci au terme d’un débat qui s’est déroulé dans des conditions conformes à notre tradition démocratique", a déclaré Jacques Chirac.
"Cette situation nouvelle risque d’ouvrir une période d’incertitude", a-t-il dit :
Mutisme du côté des giscardiens
Le président sortant Valéry Giscard d’Estaing n’a en revanche pas commenté la victoire de François Mitterrand. Il s’est contenté d’appeler personnellement le candidat socialiste pour le féliciter. L’actuel locataire de l’Elysée doit rentrer lundi matin à Paris et y rencontrer son directeur de campagne puis Roger Chinaud, président du groupe UDF à l’Assemblée nationale.
RPR ou les graines de la discorde
Déçu de son score ? Irrité par le comportement de son "ami" mais néanmoins rival Jacques Chirac ? Ce qui est sûr, c’est que le président sortant a non seulement subi l’usure des ses sept années au pouvoir, mais aussi la concurrence du Rassemblement pour la République (RPR). La formation politique, fondée en 1976 par Jacques Chirac, a réussi à recueillir 18% des voix au premier tour.
Mais la division de la droite ne s’est pas arrêtée aux portes du second tour. Dès le lendemain du premier tour, le 26 avril 1981, Jacques Chirac s’est en effet refusé à appeler ses partisans à voter pour Valéry Giscard d’Estaing. Il s’est contenté de déclarer que, "personnellement", il voterait pour le présidant sortant.
Aucune consigne officielle n’a, en revanche, été adressée aux militants. De là à y voir un soutien déguisé au candidat socialiste, il n’y a qu’un pas. VGE semble en tout cas lui en tenir rigueur, d’autant que toutes les vagues de sondages effectuées depuis début 1981 le donnaient gagnant.