C’est une opération extraordinaire. Il y a quelques jours, une équipe de biologistes de l’université de Pennsylvanie a annoncé qu’elle avait réussi à ranimer dans un glacier du Groenland des bactéries congelées depuis 120 000 ans. 1 200 siècles passés à plus de 3 000 mètres de profondeur avec une température de – 56 °C.
Le nouvel hibernatus est baptisé Herminiimonas glaciei et c’est un micro-organisme extrêmement petit, moins d’un millième de millimètre. Sa forme est celle d’un bâtonnet qui possède jusqu’à trois flagelles est totalement inoffensif. Pour le réveiller, le ramener à la vie, les chercheurs l’ont réchauffé progressivement, d’abord 7 mois à 2 °C puis encore 4 mois à 5 °C avant de voir apparaître de petites colonies bactériennes, signe qu’il avait commencé à se répliquer.
L’affaire est inhabituelle et intervient au moment où les exobiologistes s’interrogent sur les conditions d’apparition et de survis de la vie dans des conditions extrêmes. En effet, dans le froid, avec une faible teneur en oxygène, peu de nutriments, une grande pression et un espace limité, ces environnements sont les plus proches des éventuels habitats extra-terrestres qui tous nécessitent la présence d’eau liquide. Pourquoi ? Tout simplement parce que la molécule d’eau possède la capacité remarquable de s’associer de manière réversible et plastique aux molécules du vivant, de faciliter les interactions avec ces dernières. Si c’est de la glace, celles-ci restent incapables de bouger, de dialoguer et si c’est de la vapeur toutes les molécules s’éloignent les unes des autres et partent à l’aventure. La chimie du vivant exige donc de l’eau liquide et un moteur, une source d’énergie explique des géophysiciens qui démontrent cette semaine encore, dans une revue spécialisée, que le volcanisme est le meilleur candidat. En effet, après la formation de la Terre, des éruptions volcaniques ont éjecté du dioxyde de carbone et de la vapeur d’eau dans l’atmosphère et sans ces deux éléments la photosynthèse n’aurait sans doute jamais eu lieu.
Pour trouver la vie, il faut donc chercher des endroits dans l’univers où il y a de l’eau liquide et du volcanisme. C’est dans ce contexte que des scientifiques travaillant pour la mission Cassini, en orbite autour de Saturne, ont annoncé jeudi qu’ils avaient découvert que les geysers d’Encelade sont salés, que cette petite lune qui orbite près des anneaux de la planète géante crachent dans l’espace des panaches de vapeur d’eau. La preuve expliquent-ils qu’il y a à la fois une source de chaleur et un océan enfouis sous la glace. Nous y voilà ! De l’eau liquide, du volcanisme et pourquoi pas, de la vie. Un seuil que n’hésite pas à franchir les services de communications des organismes scientifiques en se protégeant quand même derrière un point d’interrogation mais un pas que refusent de faire farouchement les scientifiques. Tant qu’hibernatus n’a pas parlé, il faut bien admettre qu’on ne sait rien.