Vous êtes-vous déjà ensablé en voiture dans un chemin creux, sur une plage ou dans une dune ? Si c'est le cas, vous vous en souvenez sûrement. Et bien, imaginez piloter à distance un engin roulant sur une autre planète et imaginez encore que ce dernier s'est malencontreusement enlisé dans les sables mouvants et que, quoi que vous fassiez, l'engin s'enfonce de plus en plus dans la poussière. C'est ce qui arrive depuis début mai aux deux pilotes du robot martien Spirit, l'un des deux rovers de la NASA qui caracolent depuis 5 ans et demie a la surface de la planète rouge.
Son frère jumeau, Opportunity, avait déjà connu en 2005 les mêmes déboires mais les ingénieurs étaient alors parvenus à le dégager au bout de 5 semaines en le faisant reculer doucement, centimètre par centimètre. Là, l'affaire est bien plus complexe et ce sauvetage unique dans l'histoire de l'exploration spatiale risque bien d'écrire l'une des plus belles pages de l'ingéniosité humaine, car on va tout tenter pour sauver le soldat Spirit, en piteuse forme depuis qu'il y a trois ans l'une de ses roues avant -il en a six- s'est bloquée. Une avarie fort handicapante qui a forcé ses pilotes a faire progresser l'engin en marche arrière. Et c'est en traînant sa roue paralysée, tout en évitant les dunes trop pentues et les gros cailloux, qu'il est tombé dans un piège : l'équivalent de sables mouvants dissimulés sous une croûtes apparemment inoffensive. Les roues enfoncées à mi-hauteur, sa situation est particulièrement délicate.
Aussi, a-t-on entrepris au JET propulsion laboratory, en Californie de tout reconstituer grandeur nature dans un laboratoire : le sol, la pente, le sable, le robot et même la faible gravité martienne, tout y est ! Bref, avant de faire quoique ce soit à 300 millions de kilomètres d'ici, sur Terre, la scène est reconstituée dans les moindres détails. D'ailleurs, Spirit, qui a rechargé ses batteries, donne, lui aussi, un coup de main en photographiant ses roues et son châssis. Mais pourquoi tant d'efforts alors que la mission touche à son terme ? Pour apprendre, évidemment et, dans le futur, mieux programmer la navigation. Du bac à sable aux dunes de Mars, l'avenir de Spirit est entre les mains de ses pilotes !