Une peine de 13 à 15 années de réclusion criminelle a été requise vendredi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône contre un policier marseillais. Il est l'auteur d'un coup de feu mortel sur un jeune lycéen de 19 ans, début 2013, alors qu'il n'était pas en service.
"Accorderez-vous à ce policier un permis de tuer ?". Alors que l'accusé évoque un "tir accidentel" et que ses avocats entendent plaider l'homicide involontaire, l'avocat général Olivier Couvignou estime que l'intention homicide est bel et bien établie. "Accorderez-vous à ce policier un permis de tuer ?", a-t-il débuté son réquisitoire. "Les parents de la victime devront-ils se résoudre à l'idée que leur enfant de 19 ans, (...) a simplement succombé à un accident de voie publique ? Si vous dites à sa famille, à la société, que c'est un accident, ce sera un déni de justice", a poursuivi l'avocat.
Bagarre dans une épicerie. Le flou persiste sur les raisons de la bagarre qui avait éclaté dans une épicerie de nuit entre le policier hors service, en état d'ébriété, et Yassin Aibeche, lycéen sans histoires d'une cité difficile des quartiers Nord de Marseille. Si l'accusé a évoqué à l'audience une agression "antiflic", l'avocat général conteste ce motif crapuleux. "Si ce qui est arrivé avait été déclenché par cette haine du policier, je le concéderais. La seule explication qui subsiste, c'est la rencontre d'un homme chaud bouillant de 40 ans et d'un jeune un peu impétueux de 19 ans".
"Une solitude ancrée dans de mauvaises habitudes". "L'accusation souligne que "ce procès n'est pas celui de l'uniforme" mais celui d'"une solitude ancrée dans de mauvaises habitudes", celle d'un policier décrit comme un homme seul, en proie à ses addictions à l'alcool et au cannabis, "capable d'asséner quelques claques à une ex-concubine". L'avocat général voit dans le geste du policier, incapable de prendre le dessus dans la bagarre qui l'a opposé au jeune lycéen, "un tir inutile, un tir gratuit, un tir revanchard et délibéré qui foudroie dans le dos un gamin de 19 ans".
L'accusation a également requis l'interdiction de détenir une arme. Les avocats de la défense vont plaider le caractère accidentel de cet unique coup de feu, parti alors que Frédéric Herrour avait chuté violemment au sol à la suite d'un croc-en-jambe. Le verdict est attendu en fin de journée.