C'est l'une des énigmes judiciaires de ces dernières décennies. Le corps de Nelly Haderer avait été retrouvé dans une décharge proche de Nancy le 31 janvier 1987. Cette mère de famille avait été tuée de deux balles de carabine 22 long rifle et son corps retrouvé dénudé et découpé en morceaux. Près de 25 ans après le meurtre, l'espoir de connaître la vérité renaît grâce à de nouvelles expertises ADN.
La technique de microdissection
L'enquête a été relancée mercredi après la découverte de traces ADN sur les vêtements de la mère de famille. L'expertise génétique a en effet permis de mettre en évidence quatre profils ADN suspects sur les vêtements de la victime.
Jamais élucidée, l'affaire a été rouverte en 2009 par une juge d'instruction de Nancy, Claire Carpentier. Celle-ci a alors demandé à un laboratoire médico-légal de Bordeaux de "mettre en oeuvre la technique de microdissection laser qui permet d’extraire un profil génétique sur un nombre très restreint de cellules".
"C'est une avancée essentielle, sachant que dans ce dossier la solution se fera par la science. Elle ne se fera pas par des témoignages compte tenu de l'ancienneté de l'affaire". a expliqué à Europe 1 Me Babel, l'avocat de la famille Haderer.
Quatre profils suspects
Un ADN masculin a notamment été découvert grâce à du sang retrouvé à l'intérieur du jean de la jeune femme. Du sang qui pourrait être celui du meurtrier. Un second profil ADN masculin a été découvert dans du sperme sur les sous-vêtements de la victime, mais il pourrait être celui de son compagnon d'alors, a indiqué une source proche du dossier.
Une trace partielle d'ADN féminin a également été retrouvée sur le manteau de la victime. Enfin, un mélange de profils masculin et féminin, différents des autres traces retrouvées, a été identifié sur le jean. En revanche, les expertises n'ont pas permis de retrouver des empreintes génétiques sur un poil retrouvé à l'intérieur du bas que portait la victime ou sur le couteau qui a servi à découper le cadavre.
L'ADN de Jacques Maire ?
Des comparaisons devraient maintenant être effectuées avec l'ADN des différents acteurs du dossier, dont probablement celui de Jacques Maire, un maçon de 57 ans, principal suspect dans cette affaire, mais qui a toujours crié son innocence. Celui-ci avait à l'époque été mis en cause pour le meurtre en 1983 d’une autre jeune femme, Odile Busset, 20 ans, et condamné à 15 ans de réclusion.
Il a été acquitté du meurtre de Nelly Haderer par la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle en novembre 2004. Mais en appel, il avait été reconnu coupable en 2006 et condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
En octobre 2006, la cour de cassation annulait, pour vice de procédure, cette dernière condamnation. L’accusé a finalement été acquitté des deux meurtres en octobre 2008 par la cour d’assises de la Moselle, une décision définitive sur laquelle la justice ne pourrait plus revenir aujourd'hui, a souligné son avocate.
Mais cette fois-ci, c'est la science qui devra dire si Jacques Maire est impliqué ou non dans ce dossier.