Après avoir été blanchi dans l'affaire de Montigny-lès-Metz, Henri Leclaire fait de nouveau figure de suspect dans ce double meurtre d'enfants en 1986. Le retraité, aujourd'hui âgé de 65 ans, s'est présenté mardi matin devant un juge d'instruction à Metz. Il a été mis en examen en milieu de journée et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de rencontrer les protagonistes de l'affaire, a précisé son avocat, Me Thomas Hellenbrand.
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"Il est hors de cause dans cette affaire". Au total, Henri Leclaire a été interrogé près de trois heures par les deux juges d'instruction du palais de justice de Metz. "Il conteste formellement toute implication dans ce dossier", a déclaré son avocat. Selon lui, cette mise en examen "permettra de démontrer de façon définitive qu'il est hors de cause dans cette affaire". "Le seul problème de ce dossier, c'est ses aveux initiaux", a-t-il dit.
Un procès et un rebondissement. Le sort d'Henri Leclaire a basculé en mars dernier, lors du procès de Francis Heaulme, seule personne à comparaître dans le box des accusés. Dès les premiers jours, le procès du "routard du crime" est devenu celui d'Henri Leclaire. Deux témoins de dernières minutes ont en effet clairement désigné Henri Leclaire comme l'une des personnes à l'origine du drame. La femme d'un avocat avait assuré avoir reçu les confidences d'Henri Leclaire et l'autre avait affirmé l'avoir vu à proximité des lieux du crime le jour du double meurtre.
Des suspicions de complicité. A l'époque du drame, Henri Leclaire travaillait dans une imprimerie située à proximité des lieux du crime. Son comportement dans les jours qui suivent le crime intrigue les gendarmes. Durant sa garde à vue, il s'était même accusé du double meurtre d'Alexandre Beckrich et Cyril Beining, 8 ans, massacrés à coups de pierre, au bord d'une voie ferrée. Il s'était ensuite rétracté. Et après une reconstitution des faits, les enquêteurs l'avaient mis hors de cause. Mais en 2012, il s'est confié de nouveau. Pas aux enquêteurs cette fois, mais à la juriste qui a décidé de tout confier lors du procès de Francis Heaulme.
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En résumé, le témoignage de la juriste soulève des doutes sur la présence d'Henri Leclaire aux côtés de Francis Heaulme le jour du meurtre. Ce témoignage est venu alimenter la piste d'une complicité entre Francis Heaulme et Henri Leclaire le jour du crime. Les deux hommes travaillaient d'ailleurs pour la même entreprise à l'époque des faits. Enfin, cette hypothèse semble assez cohérente sachant que Francis Heaulme a souvent entraîné avec lui un complice.
Une enquête. Ces nouvelles révélations ont donc provoqué le renvoi du procès de Francis Heaulme et l'ouverture d'une information judiciaire visant Henri Leclaire. Deux juges d'instruction ont alors été désignés par mener l'enquête. Estimant qu'ils disposent d'assez d'éléments, les juges ont décidé de le mettre en examen. Il devrait donc y avoir un procès avec deux accusés : Francis Heaulme et Henri Leclaire. Un procès qui ne devrait pas intervenir avant deux ans. En attendant, Henri Leclaire a été placé sous contrôle judiciaire, avec notamment l'interdiction pour lui de rencontrer les trois témoins l'incriminant dans cette affaire.