Un comptable suisse loquace, voilà une espèce rare mais qui ne devrait pas faire les affaires de Serge Dassault. Selon ses déclarations faites aux juges, révélées mardi par Libération et France Inter, l'homme aurait livré à l'ancien maire de Corbeil-Essonnes 53 millions d'euros en liquide entre 1995 et 2012. Serge Dassault, âgé de 89 ans, a été mis en examen en avril dernier pour "achat de votes", "complicité de financement illicite de campagne électorale" et "financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé".
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Une société financière genevoise bien accomodante. Dans le procès-verbal d'audition des 6 et 7 octobre dernier, Gérard Limat, le comptable suisse, décrit le dispositif mis en place qui aurait permis à l'avionneur de recevoir à Paris de l'argent liquide depuis le Liechtenstein et la Suisse. Au centre du système, on trouve une société financière genevoise, Cofinor. Il s'agit d'une chambre de compensation, dont la spécialité était d'envoyer "où vous voulez dans le monde, votre argent que vous lui remettez en Suisse", selon la description faite par un enquêteur.
L'argent liquide que Gérard Limat dit avoir apporté à Serge Dassault à Paris était à l'origine puisé sur des comptes au Liechtenstein, au Luxembourg ou en Suisse, avant d'arriver sur les comptes genevois de Cofinor.
Des liasses enveloppées dans du journal et cachées dans un sac. "Cofinor me donne un rendez-vous pas trop loin de l'Arc de Triomphe", rapporte Gérard Limat dans le procès-verbal. Le livreur "me remet un sachet en plastique 'passe-partout' (Carrefour, Dior, Fnac, etc…), lequel contient l'argent en numéraire entouré de papier journal. Ce n'était que des liasses de billets de 100 euros", rapporte-t-il.
"Je ne voyais jamais l'argent puisque j'allais directement au rond-point" des Champs-Elysées, siège du groupe de l'avionneur, "je montais dans le bureau de Serge Dassault, je posais le sac dans un coin de son bureau et immédiatement, on parlait d'autre chose", a raconté Gérard Limat aux enquêteurs. "Je n'ai jamais posé de questions et Serge Dassault ne m'en a jamais rien dit", rapporte-t-il encore. L'industriel "me disait qu'il avait besoin de me voir, je comprenais qu'il avait besoin d'argent liquide", selon la déposition de Gérard Limat.
Le comptable, cependant, ne fait pas de lien entre ses livraisons d'argent et le soupçon d'achat de voix à Corbeil-Essonnes entre 2008 et 2012, objet de l'enquête des juges financiers.
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