"Toute ressemblance avec la fiction ne serait que pure coïncidence. Les faits qui vont suivre sont malheureusement inspirés de la réalité". L'avertissement, inspiré de ceux que l'on voit habituellement au début des films, figure en préambule du nouveau clip du groupe de rap marseillais Psy 4 de la rime. Dans Crise de nerfs, les rappeurs chantent "la vraie capitale du crime" sur fonds d'affaire de la Bac nord.
La vidéo. Le clip de presque sept minutes, réalisé comme un court-métrage, s'ouvre sur un "home jacking", c'est-à-dire le braquage d'un domicile. Un couple s'enlace sur son canapé quand surgissent deux malfrats cagoulés et armés, qui repartent avec un sac de billets trouvé dans la maison. La police intervient mais le mari, avec deux comparses, mène sa propre enquête - musclée - dans la nuit de Marseille pour retrouver un des agresseurs, mordu à la main par sa femme. Il finit par le dénicher et l'emmène au commissariat. On découvre alors que l'homme agressé est lui-même un policier, et que ses collègues ont aussi des choses à lui reprocher.
Regardez le clip :
L'allusion à la Bac nord. "Ça sent la muerte [la mort, ndlr] en plein aprèm', La vraie capitale du crime sur BFM (...) La BAC nord vend le teu-shi [shit, ndlr] (...) Racket, Kalashs ! Ripoux, braquages ! Corrompus, chômage ! (...) Bienvenue dans le sud-est où les sherifs se font prendre", chantent les Psy 4 de la rime. Ces paroles, mais aussi certaines images du clip, comme un gros plan sur un exemplaire du quotidien local La Provence, font clairement allusion à l'affaire de la Brigade anti-criminalité (Bac) du nord de Marseille. Une quinzaine de policiers avaient été mis en cause pour extorsion de fonds et de drogue et l'unité avait été dissoute en octobre dernier.
"Les flics de la Bac nord, on les voit souvent comme des super-héros. Mais malheureusement, ils ont été impliqués dans une affaire qui a choqué beaucoup d'habitants. Le fait qu'ils soient déjà réintégrés, remis en service, c'est ce qui m'a le plus choqué. Quand on est papa, ça nous fait encore plus mal au coeur. Quel exemple pour notre société ?", s'interroge Alonzo, l'un des membres du groupe, au micro d'Europe 1.
Les maux de Marseille. Les rappeurs se défendent néanmoins d'avoir voulu cibler la police. Selon eux, l'affaire de la Bac n'est qu'une trame pour évoquer "le champ de bataille qu'est devenue" la cité phocéenne. "A Marseille, c'est devenu trop le bordel et on veut le faire sentir dans ce clip. Le message c'est : 'regardez ce qui se passe, faudrait que ça cesse'", explique Mike, qui a travaillé sur le scénario.
"Moi j'ai 30 ans. Dans les années 90, il n'y avait pas de Kalachnikov, pas toutes ces armes qui viennent des pays de l’Est. Aujourd'hui on en trouve presque chez l'épicier, pour 200, 400 euros", assure Alonzo.