Affaire Ajimi : les policiers manifestent

Des peines de 18 et 24 mois de prison avec sursis ont été prononcées à l'encontre des deux membres de la BAC. © MaxPPP
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avec Brigitte Rénaldi , modifié à

Entre 150 et 200 fonctionnaires de police se sont retrouvés devant le commissariat de Grasse.

La décision de quitter lundi la Brigade anti-criminalité (BAC), leurs collègues l'ont parfaitement comprise. C'est en signe de solidarité qu'entre 150 et 200 policiers se sont rassemblés mardi devant l'hôtel de police de Grasse avec deux agents condamnés dans l'affaire Hakim Ajimi. 80 agents de différents services de police de Nice se sont également retrouvés, sans slogan ni banderole, devant le commissariat des Moulins, dans l'ouest de la ville.

"Nous sommes paumés"

C'est une décision judiciaire qui a provoqué la colère des fonctionnaires. Des peines de 18 et 24 mois de prison avec sursis ont été prononcées vendredi dernier à l'encontre des deux membres de la BAC. Ils étaient impliqués dans le décès par asphyxie lente d'Hakim Ajimi, lors d'une interpellation à Grasse qui a mal tourné en 2008. Un policier municipal, venu leur prêter main-forte, a également été condamné à six mois de prison avec sursis.

Selon les syndicats, leurs collègues ont pratiqué une "clé d'étranglement", une technique qui leur avait été enseignée à l'école de police. "Aujourd'hui, c'est la police tout entière qui est venue soutenir Walter (Lebeaupin) et Jean-Michel (Moinier). La vérité, c'est qu'aujourd'hui, les policiers sont perdus. Nous le redisons, nous sommes paumés, déclare Laurent Martin de Frémont, délégué départemental adjoint du syndicat Unité SGP-Police sur Europe 1. "Qu'attendons-nous ? A travers cette lourde condamnation, on a le sentiment que ce sont les techniques, la méthode de travail qui est aujourd'hui mise au pilori", ajoute-t-il.

"C'est à l'administration de la retirer"

La veille, les dix policiers qui composent la BAC du commissariat de Grasse ont démissionné de leur service en soutien à leurs collègues condamnés vendredi. "Ils estiment que leur sécurité n'est plus assurée, puisqu'ils ne sont plus couverts par l'administration dans le cas d'interpellations violentes", a précisé le commandant Bruno Patizel, leur supérieur.

"Quand un policier enfreint une règle, il est normal qu'il soit condamné, mais là, ce n'est pas le cas", a estimé pour sa part Laurent Laubry, du syndicat Alliance, présent à Grasse. "On sait parfaitement que la règle (d'intervention utilisée dans le cas d'Hakim Ajimi, NDLR) comporte des risques mais elle est légale. Et si elle est dangereuse, c'est à l'administration de la retirer pour qu'elle ne soit plus appliquée".