En garde à vue depuis vendredi matin, Claude Guéant va être présenté samedi à un juge d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen. L'ancien ministre de l'Intérieur, fidèle de Nicolas Sarkozy, est visé par l'enquête sur les soupçons de financement de la campagne présidentielle de 2007 par la Libye de Kadhafi, selon une source judiciaire.
Une somme de 500.000 euros et un intermédiaire étranger. Les enquêteurs s'interrogent notamment sur une somme de 500.000 euros reçue par Claude Guéant qu'il explique par la vente de deux tableaux flamands. Un homme d'affaires étranger, soupçonné d'avoir été un intermédiaire dans le versement de ces fonds, a d'ailleurs été arrêté jeudi matin.
Il s'agit de Khaled Bugshan, appartenant à une grande famille saoudienne, fils d'un ami personnel du roi Fahd, qui a été décoré de la Légion d'honneur en 2004 par Jacques Chirac. Les membres de cette famille ont rendu de nombreux services à la France en étant intermédiaires dans des contrats d'armement dans les années 1990. Leurs noms ont d'ailleurs été cités dans plusieurs procédures judiciaires sur des commissions, d'éventuels rétrocommissions et financements de partis politiques.
Selon une source proche de l'enquête, il aurait versé la somme de 500.000 euros sur le compte d'une société malaisienne qui l'aurait ensuite reversée sur le compte de Claude Guéant. Claude Guéant avait justifié ce virement - provenant d'un compte à l'étranger - par la vente en 2008 à un avocat malaisien de deux tableaux d'un peintre flamand du XVIIe, Andries van Eertvelt. Mais des experts avaient contesté la valorisation de ces œuvres.
Les accusations d'un financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy avaient vu le jour entre les deux tours de la campagne présidentielle de 2012, lorsque Mediapart avait publié un document évoquant un accord de la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer Nicolas Sarkozy. Ce dernier assure qu'il s'agit d'un faux. Une information judiciaire avait été ouverte en avril 2013, notamment pour "corruption active et passive" et "trafic d'influence" sur ces accusations, et confiée aux juges Serge Tournaire et René Grouman.
Mis en cause dans d'autres affaires. C'est la troisième fois que Claude Guéant, qui fut jadis "premier flic de France", est placé en garde à vue. Il l'avait été une première fois en fin 2013 dans l'affaire des primes en liquide quand il dirigeait le cabinet de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était ministre de l'Intérieur. Dans ce dossier, le parquet national financier (PNF) doit prochainement se prononcer sur un éventuel renvoi en correctionnelle, sur l'ouverture d'une information judiciaire ou sur le classement de l'affaire. Claude Guéant avait également été placé en garde à vue en mai 2014 dans l'affaire de l'arbitrage Tapie/Crédit Lyonnais, mais il n'avait pas été présenté aux magistrats instructeurs.
>> LIRE AUSSI - Arbitrage Tapie : la garde à vue de Guéant levée
>> INTERVIEW - Guéant : l'UMP "ne chasse pas sur les terres du FN"