Ils ont auront eu le droit à une nuit offerte. Les trois djihadistes français présumés arrivés à Marseille mardi soir sans être inquiétés après leurs expulsion de Turquie sont désormais en garde à vue. Comme ils en avaient confié l'intention à Europe 1, les trois hommes, dont le beau-frère et un ami d'enfance de Mohamed Merah, se sont constitués prisonniers en se rendant à la gendarmerie du Caylar, dans l'Hérault.
>> LIRE AUSSI - Gros cafouillage sur l'arrestation de trois djihadistes présumés
Maintenant que les choses sont "rentrées dans l'ordre", vient le temps des questions : Comment ces trois hommes, déjà condamnés et fichés, ont-ils ainsi pu passer à travers les mailles du filet ? Cette affaire, qui de l'aveu même de Manuel Valls "ne s'est pas déroulée comme il aurait fallu", est en réalité la conséquence de deux couacs consécutifs.
>> LIRE AUSSI - Les trois djihadistes présumés placés en garde à vue
Quand les Turcs ne disent rien… Le premier prend racine en Turquie dans le processus même de leur expulsion. Le commandant de bord d'un premier avion, à destination d'Orly, a refusé d'assurer le transport du trio vers la France. Les autorités turques leur trouvent donc un second vol dans la foulée, mais à destination de Marseille. Selon le ministère de l'Intérieur, la France est informée de ce changement beaucoup trop tard, alors que l'avion a déjà atterri et que les trois hommes ont quitté l'aéroport de Marignane.
…les Français ne voient rien. Le deuxième couac est lui 100% français. A l'heure où les trois djihadistes présumés passent par le contrôle aux frontières, le système CHEOPS (Circulation hiérarchisée des enregistrements opérationnels de la police sécurisés) qui permet d'accéder notamment aux fichiers des personnes recherchées, est en maintenance. C'est en tout cas ce qu'affirment les syndicats de police et ce qu'a confirmé le ministère de la Défense. Ce serait donc à la faveur de ce bug informatique que les trois hommes ont pu rentrer en France sans être inquiétés.
Cazeneuve demande une enquête administrative. De son côté, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a annoncé l'ouverture d'une enquête administrative pour faire toute la lumière sur les conditions de ce raté. Il a par ailleurs annoncé qu'il se rendrait prochainement en Turquie.
"Ce dysfonctionnement entre les services turcs et les services français mérite qu'une concertation approfondie s'engage entre les autorités françaises et turques, de manière à ce que d'autres événements de ce type ne se produisent pas", a-t-il précisé.