Des supporters de Chelsea malmenant un usager noir dans le métro parisien, avant de se proclamer ouvertement racistes. Plus que le résultat du match nul (1-1) entre le PSG et Chelsea mardi soir, c’est cette image qui continue de faire parler d’elle, 24 heures après l’opposition des deux équipes en match aller de 8e de finale de Ligue des Champions. La justice française n’a pas tardé à ouvrir une enquête sur cet incident qui s’est produit dans la station de métro Richelieu-Drouot, et identifier les auteurs.
Que voit-on dans la vidéo ? Dans cette vidéo publiée par le Guardian, on voit d’abord à une dizaine de mètres, sur le quai, un homme noir, avec une sacoche, tenté de monter dans la rame de métro et en être expulsé aussi sec. Il essaye alors de discuter avec ceux qui l’ont repoussé. Il insiste, même, en voulant de nouveau monter dans la rame. En vain, les occupants de cette voiture du métro le repoussent très fermement. En même temps que l’image, il y a le son. Ce qui, d’une oreille distraite pourrait ressembler à un banal chant de supporter.
Mais en réalité, le refrain que scandent les fans du club londonien est relativement explicite : "we’re racist, that’s the way we like it". En français cela donne : "nous sommes racistes, c’est comme ça que cela nous plait".
Les enquêteurs espèrent identifier les responsables. A cet instant, l’homme qui filme, s’est nettement rapproché des supporters, dont il se trouve à deux mètres environ, presque face à eux. Et ce sont ces images, diffusées par la presse britannique qui ont entrainé l’ouverture, mercredi, d’une enquête pour violences en raison de la race.
La victime, cet homme noir, ne s’est pas fait connaitre et la police ignore pour l’heure son identité. Mais les enquêteurs parisiens, qui vont travailler avec leurs homologues britanniques, ont bon espoir d’identifier, grâce à cette vidéo de relativement bonne qualité, d’identifier ces supporters de Chelsea qui se rendaient au match parmi les 2.000 fans du club, qui ont assisté au match au Parc des Princes mardi soir. 250 d’entre eux sont considérés comme supporters "à risque".
>> VIDÉO - Les fans de Chelsea interdisent à un Noir de prendre le métro
Comment vont-ils opérer ? Avec ces données, les policiers disposent déjà d’une importante base de travail. Car "aujourd’hui, c’est très difficile d’être hooligan, sans être connu", explique au micro d’Europe 1, le commissaire divisionnaire Antoine Boutonnet, chef de la Division nationale de Lutte contre le Hooliganisme (DNLH). "La plupart des personnes qui commettent des infractions dans l’enceinte sportive et des infractions de hooliganisme au sens large, sont connues par les services spécialisés, les services de renseignements", précise-t-il.
"On échange au niveau européen avec l’intégralité de nos collègues qui suivent cette problématique. On a ainsi en permanence des liaisons avec nos collègues britanniques. Et donc, en l’occurrence, avec les policiers de Londres, qui suivent avec attention, par le biais de physionomistes, des supporters particulièrement dangereux et qui ont une potentialité extrêmement violente", conclut le policier.
"Mais je ne suis pas sûr, je ne l’ai pas chanté". Les supporters filmés dans cette vidéo sont donc prévenus : il y aura un match retour. C’est peut-être par crainte de se voir identifier et tomber sous le coup d’une condamnation que certains ont tenu à s’expliquer dans la presse. C’est le cas de Mitchell McCoy, 17 ans, dont un tweet publié mardi soir depuis la capitale a émergé.
Ce court message reprend la structure du chant entendu dans la vidéo. Il est simplement détourné en hommage au capitaine des Blues, John Terry : "our captain is a racist and that is why we love him" - "notre capitaine est raciste et c’est pour ça qu’on l’aime", écrit-il. Une allusion directe à une condamnation dont avait écopé le joueur en 2012 pour des propos racistes prononcés sur le terrain.
Selon le supporter, c’est ce chant qui aurait été entonné dans le train et il ne s’adressait pas à l’usager noir du métro parisien. "Mais je ne suis pas sûr, je ne l’ai pas chanté", assure-t-il à l’agence de presse britannique Press Association (PA).