Les deux dernières nuits ont été plutôt calmes dans le quartier d'Amiens-Nord, placé sous haute surveillance policière. Mais les policiers restent sur le qui-vive. Jeudi matin, la préfecture a annoncé que les forces de l'ordre avaient interpellé cinq personnes dans la nuit de mercredi à jeudi.
Quatre des arrestations ont été effectuées dans les quartiers nord d'Amiens. Seules trois sont "en lien direct" avec les affrontements du début de semaine, a indiqué le procureur adjoint d'Amiens en conférence de presse. "Ce sont les premières interpellations. L'enquête se poursuit", a souligné la préfecture, qui a salué "l'efficacité du service d'ordre". D'autres arrestations pourraient suivre car les "meneurs" n'ont pas encore été appréhendés.
Trois des cinq personnes interpellées seront jugées vendredi après-midi en comparution immédiate.
Deux mineurs arrêtés
Les cinq personnes arrêtées sont âgées de 15 à 27 ans, dont deux sont mineures. Quatre d'entre elles sont originaires du quartier Nord. Deux des jeunes ont été interpellés en flagrant délit alors qu'ils tentaient de mettre feu à des poubelles. En garde à vue, ils ont reconnu avoir allumé cinq à six feux dans la nuit de lundi à mardi.
Les deux autres interpellations ont un lien "à la marge" avec les heurts de la nuit de lundi à mardi, a précisé Eric Boussuge, ajoutant que l'arrestation des "meneurs" des affrontements, qui ont fait 16 blessés parmi les policiers, ne pourra intervenir qu'au terme d'un "travail de fond", encore en cours.
"Ça va être la guerre, bande de bâtards !"
Un cinquième homme, recherché depuis dimanche soir pour incitation à la rébellion, a été interpellé dans un autre quartier de la ville. Selon une source judiciaire, ce dernier avait dans la nuit de dimanche à lundi, la veille des principaux affrontements, harangué d'autres personnes devant des fonctionnaires.
Il aurait proféré des insultes et des menaces à l'encontre des CRS : "ramassez des cailloux ! Vous allez voir demain, ça va être la guerre, bande de bâtards", aurait-il lancé, selon les informations d'Europe 1. Ce sont les policiers qui ont reconnu le jeune homme originaire d'Amiens-Nord alors qu'il se présentait au commissariat pour son contrôle judiciaire. Il devrait être jugé en comparution immédiate vendredi et risque jusqu'à sept ans de prison.
Les enquêteurs aidés par des vidéos
Des images d'excellente qualité prises par la caméra thermique d'un hélicoptère de la gendarmerie ont permis de faire avancer les investigations concernant l'identification des émeutiers présumés pour les faits de lundi à mardi, selon une source proche de l'enquête. Ces images, en cours d'examen, permettent également de voir comment sont organisés les fauteurs de trouble présumés.
Des enquêteurs de Paris sont venus prêter main forte, selon une source judiciaire. Une enquête destinée à identifier les auteurs des incidents les plus violents est en cours.
Amiens-Nord est sous surveillance policière renforcée depuis mardi matin. 250 policiers - dont deux compagnies de CRS, munies de canons à eau - sont mobilisées pour garantir le "complet retour à la normale" promis par Manuel Valls. Aucun incident majeur n'a d'ailleurs été signalé dans le quartier. Tandis que trois voitures et cinq poubelles ont été incendiées ailleurs dans Amiens, note le Courrier Picard.
500 postes de policiers par an
Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs annoncé jeudi la création, à partir de 2013, de 500 postes de policiers et de gendarmes par an, affectés principalement aux zones de sécurité prioritaires (ZSP), dont fait partie Amiens-Nord.
"La sécurité, comme la justice, sont des priorités dans le budget 2013, alors que près de 12.000 postes de policiers et de gendarmes ont été supprimés au cours des 5 dernières années", a déploré Manuel Valls.