Depuis 7 heures mercredi, Dieudonné est en garde à vue, a confirmé l'un de ses avocats, Sanja Mirabeau, à Europe 1. Le polémiste y est entendu dans le cadre de l'enquête ouverte contre lui pour apologie du terrorisme suite à ses propos publiés dimanche sur sa page Facebook, après la marche républicaine historique qui a rassemblé près de quatre millions de Français dans les rues. "Je me sens Charlie Coulibaly", avait-il posté sur son mur Facebook avant de l'effacer quelques minutes plus tard.
>> Mise à jour : Le parquet de Paris a décidé mercredi soir de convoquer Dieudonné au tribunal correctionnel à l'issue de sa garde à vue. L'audience se tiendra le 4 février, selon son avocat Me Sanjay Mirabeau.
Selon les informations d'Europe 1, Dieudonné a été interpellé par la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) dans sa résidence du Mesnil-Simon, ville située en Eure-et-Loir, entre Dreux et Mantes-la-Jolie. C'est la police judiciaire parisienne qui est allée l'interpeller pour l'entendre à Paris. L'équipe du polémiste a immédiatement pris des clichés de cette interpellation pour les diffuser sur son compte officiel Facebook.
Ce qu'a posté Dieudonné. "Après cette marche historique, que dis-je, légendaire ! Instant magique égal au Big Bang qui créa l'univers [....] je rentre enfin chez moi. Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly", avait écrit Dieudonné dimanche, caricaturant le slogan "Je suis Charlie" en lui associant le nom du djihadiste Amedy Coulibaly, auteur de la prise d'otages au cours de laquelle quatre Juifs ont été tués, à Paris, vendredi. Lundi, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour apologie du terrorisme à l'encontre du polémiste.
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Même ses fans le trouvent "pas drôle". "Je t'adore, Dieudo. Mais là, t'es pas drôle", a notamment écrit l'un de ses soutiens en commentaire d'un article de L'Express. Plus tôt, c'est la classe politique qui était montée au créneau. "Il ne faut pas confondre la liberté d'opinion avec l'antisémitisme, le racisme, le négationnisme" a déclaré Manuel Valls, lundi. Le lendemain, le Premier ministre a fustigé le comportement du polémiste : "Quelle terrible coïncidence, quel affront que de voir un récidiviste de la haine tenir son spectacle au moment même où, samedi soir, la Nation, porte de Vincennes, se recueillait". Bernard Cazeneuve a, pour sa part, déploré cette "abjection"."J'ai donné des instructions à la direction juridique et des libertés publiques du ministère de l'Intérieur pour examiner immédiatement la suite qui peut être examinée en droit", avait déclaré le ministre de l'Intérieur, lundi.
Dieudonné se pose en "ennemi public n°1". Dans la soirée de dimanche, Dieudonné a posté un nouveau texte sur son compte Facebook : la copie d'un texte envoyé à Bernard Cazeneuve dans lequel il se pose en victime. "Depuis un an, je suis traité comme l'ennemi public numéro 1, alors que je ne cherche qu'à faire rire. On me considère comme un Amedy Coulibaly, alors que je ne suis pas différent de Charlie".
Selon son avocat, Dieudonné se sentirait Coulibaly car il a le sentiment d'être traité comme un terroriste en France. Me Jacques Verdier a dénoncé au micro d’Europe 1 une mesure excessive, face à ce qui n'est selon lui que du second degré : "Il n'y a strictement aucune espèce d'apologie du terrorisme. Au contraire, celui-ci est dénoncé par Dieudonné qui était présent à la manifestation de dimanche. La semaine passée, tout le monde était unanime pour dire qu'il fallait respecter au plus haut point cette liberté d'expression. Que Dieudonné émette des opinions ce n'est pas en soi répréhensible, c'est justement le cœur de son métier, à savoir la liberté d'expression".
Le polémiste encourt une peine de sept ans de prison et 100.000 euros d'amende.