Le combat pour la vérité des familles des victimes de l'attentat de Karachi, en 2002, entre dans une nouvelle phase. Le parquet de Paris a en effet décidé d’ouvrir une enquête préliminaire, suite à la plainte pour corruption et entrave à la justice qu’elles avaient déposée en décembre dernier. Me Olivier Morice, l'avocat de ces familles de victimes, a parlé jeudi d'une "première victoire".
Retour sur les faits : le 8 mai 2002, 11 salariés de la Direction des constructions navales, en poste à Karachi, au Pakistan, pour la construction de sous-marins vendus par la France au Pakistan en 1994, sont tués. Dans un premier temps, le réseau Al-Qaïda est pointé du doigt. Mais les deux suspects sont finalement acquittés.
La piste d'une affaire d'Etat
Depuis quelques mois, les juges antiterroristes français travaillent sur un autre scénario : cet attentat constituerait une mesure de représailles de militaires pakistanais après l'arrêt du versement de commissions occultes qui auraient été promises par l'Etat français.
La plainte pour "corruption" vise notamment le club politique créé en 1995 par Edouard Balladur qui aurait utilisé des rétro-commissions pour financer son activité politique, en particulier la campagne présidentielle de 1995. Le chef d’"entrave à la justice" vise, lui, les dirigeants de la Direction des constructions navales qui n’auraient pas transmis à la justice un rapport de 2002 évoquant de possibles représailles liées au non-versement de commissions.
Des accusations "grotesques"
Nicolas Sarkozy, ministre du Budget à l’époque et proche d’Edouard Balladur, avait qualifié les accusations des familles des victimes de "grotesques". Edouard Balladur a lui assuré que tout avait été fait "régulièrement".