Les mots sont forts : "nous affirmons que Manuel Valls est un menteur". La famille et les amis d'Aurore Martin, militante nationaliste basque remise à l’Espagne jeudi dernier peu de temps après son arrestation, ont critiqué la thèse du "contrôle fortuit" et réfuté de manière argumentée l'idée que la jeune femme de 33 ans vivait dans la clandestinité, deux arguments avancés par le ministre de l'Intérieur qui se défend par ailleurs de toute intervention.
Lundi matin, sur Europe 1, Manuel Valls s'est défendu de toute ingérence dans le dossier Aurore Martin. "Si j'étais intervenu, j'aurais violé le principe de séparation des pouvoirs", a-t-il assuré.
Regardez l'interview de Manuel Valls :
"Nous ne croyons pas à un contrôle fortuit", déclarent les proches de la membre du parti Batasuna, interdit en Espagne, dans un communiqué. Disant se baser sur "plusieurs témoignages", ils soulignent les nombreux contrôles de gendarmerie qui ont eu lieu "sur le chemin de retour que devait emprunter Aurore". Dans ce même communiqué, ils lancent un appel à témoin sur des contrôles de gendarmerie ou tout autres mouvements inhabituels durant la journée du 1er novembre et plus précisément entre 15 heures et 17 heures".
Carte d'identité à jour
Surtout, la famille et les amis d'Aurore Martin mettent en avant plusieurs éléments qui tendent à montrer qu'"Aurore ne vivait pas dans la clandestinité". "Depuis le 18 juin 2011, elle vit normalement au vu et su de tout le monde", écrivent-ils d'abord, avant de l'expliciter.
Côté administratif, Aurore Martin circulait selon eux à bord d'une voiture immatriculée à son nom. Elle aurait aussi fait refaire sa carte d'identité à la Sous-préfecture de Bayonne le 11 septembre dernier.
Elle était inscrite à Pôle emploi
La jeune femme était même en recherche d'emploi, d'après ses proches. Sa demande de RSA a été validée le 22 octobre, et son document d'inscription à Pôle emploi aurait été enregistré le 25 avril. "Nous fournirons des éléments plus précis dans les jours qui viennent", ont-ils affirmé,
Les proches de la militante nationaliste basque concluent leur communiqué par un appel "à l'arbitrage de François Hollande qui lors de la campagne présidentielle avait parlé de clémence pour Aurore".
Fort soutien local
Dans cette lutte pour voir revenir en France Aurore Martin, ses proches ont pu compter lundi sur le soutien de politiques locaux, encouragés par 500 manifestants. "Nous sommes consternés", a ainsi déclaré la députée PS Colette Capdevielle, en faisant lecture à la presse de la lettre adressée au président de la République, et remise en sous-préfecture de Bayonne. "Nous demandons la libération immédiate d'Aurore Martin, les faits visés par (son) mandat d'arrêt sont légaux en France", ajoute la missive, qui souligne le "contexte particulier" de l'arrestation, un an après la conférence d'Aiete (Espagne) "qui a enclenché un processus de paix".
L'avocate espagnole de la Française, Jone Celaya, avait indiqué dimanche que la demande devrait être examinée rapidement, avec "peu d'espoir" de succès, par le même magistrat qui a décidé de la mise en détention. Sous cinq jours, un deuxième recours peut toutefois être déposé, examiné cette fois par trois autres magistrats. Elle est passible d'une peine de 12 ans de prison pour "faits de participation à une organisation terroriste, et terrorisme".