Tout le monde a, un jour, eu peur pour ses bagages à l'aéroport. Et cette affaire devrait renforcer encore la crainte dans l'esprit des voyageurs : à Roissy, onze bagagistes employés par la société Connecting Bag Service (CBS) et deux agents de maintenance ont été interpellés mercredi, dans le cadre d'une enquête pour vols en bande organisée sur des bagages de voyageurs. Une affaire qui vient s'ajouter à une longue liste de faits similaires à Roissy ces dernières années :
- 2005, déjà CBS : 12 bagagistes condamnés à des peines allant de 3 mois à 3 ans ferme.
- 2007, Aquaraile Assistance : prison ferme pour 2 bagagistes. Sursis pour 17 autres.
- 2008, Trac-Piste : 14 bagagistes arrêtés. 6 mois de prison avec sursis et 1000 euros d'amende.
• Comment sont sélectionnés les bagagistes ? Condition primordiale, afin de bénéficier du badge aéroportuaire délivré par la préfecture, le candidat bagagiste doit évidemment posséder un casier judiciaire vierge. Aucune formation particulière, n'est nécessaire, même si le niveau CAP ou BEP est requis. Le permis B est quant à lui obligatoire.
• Quels dispositifs de contrôle au sein de l'aéroport ? Pour entrer et sortir de la zone sous douane, le bagagiste doit franchir une véritable petite frontière. Le badge aéroportuaire posé sur un lecteur magnétique, il doit passer son index au contrôle biométrique. Ensuite, vient le passage au portique et aux rayons X. A l'intérieur, la zone est truffée de caméras de surveillance.
• Comment une telle série de vols est-elle possible ? La question est dans toutes les têtes dont celle de Morad Kalai, délégué syndical Sud-Aérien à Roissy au sein de la société CBS. "C'est quasiment impossible de voler, je suis très surpris", a-t-il confié à Europe1.fr, précisant que "depuis les dernières affaires, la zone était vraiment 'blindée' de caméras". "Les peines de prison qui avaient été prononcées en 2005, devraient faire réfléchir, il faut être inconscient pour voler", a-t-il poursuivi, en confiant douter du bien-fondé de ses dernières accusations.
Mais selon la brigade de recherche de la gendarmerie des transports aériens, si l'entrepôt de la société de tri des bagages est équipé de caméras de surveillance, l'ensemble de la zone n'est pas couvert. "Ils connaissent les failles du système", a précisé un enquêteur.
• L'appât du gain plus fort que tout ? Comment peut-on lutter contre ce phénomène alors que même les douaniers peuvent se laisser tenter. En juin dernier, toujours à Roissy, sept douaniers, soupçonnés d'avoir volé de l'argent liquide par millions dans les valises de trafiquants de drogue, ont en effet été mis en examen. La meilleure réponse a peut être été donnée par un des bagagistes condamnés dans l'affaire de 2007 : "ça volait avant notre arrivée à Roissy et ça volera toujours."