La professeur, qui s'était s'immoler par le feu, jeudi matin, dans la cour du lycée Jean-Moulin de Béziers, est décédée des suites de ses brûlures, a-t-on appris vendredi de source policière. Selon une source médicale, l'enseignante de mathématiques, 44 ans, "était brûlée au 3e degré sur 95% du corps (...) elle n'aurait pas pu survivre en raison des infections".
A la mi-journée, des collègues de l'enseignante ont lu, devant les grilles du lycée, un message de "solidarité pour Lise", brandissant de petites pancartes blanches intitulées "Plus jamais ça", "On veut des actes". Un enseignant du lycée, Christophe Quittet, a par ailleurs annoncé la tenue d'une "marche blanche" lundi à 14 heures au départ de l'établissement ajoutant qu'il doutait de la reprise des cours dès lundi matin en vertu d'un droit de retrait pouvant être reconduit. Christophe Quittet a également confié qu'une action était déjà prévue mercredi à Montpellier dont le point d'arrivée sera l'inspection d'académie.
"Tout le monde pleurait, les élèves, les professeurs"
Jeudi, vers 10 heures, lors de la récréation, l’enseignante s'était placée au centre de la cour du lycée, l'établissement le plus important de la ville, un bidon d’essence à la main, en criant avant de s'asperger de carburant et d'y mettre le feu.
"Quelques profs sont venus pour l'éteindre, mais elle dit 'c'est dieu qui m'a dit de faire ça'", a confié Karim, un élève du lycée avant d'ajouter "mais ça voulait pas s’éteindre. Avec nos sacs on a essayé et puis les enseignants sont arrivés avec un extincteur". "Tout le monde pleurait, les élèves, les professeurs, c’était horrible", a témoigné au micro d'Europe 1 Emma, une lycéenne qui a assisté à la scène. 80 élèves ont été pris en charges psychologiquement et trois ont été hospitalisés.
Arrivés sur place immédiatement après la tentative de suicide, les pompiers lui ont prodigué les premiers soins. La professeur a ensuite été évacuée vers 11heures vers le service des grand brûlés au CHU de Montpellier. Dans la journée, le procureur de la République de Béziers (Hérault), Patrick Mathé, avait indiqué qu'elle était dans un état grave mais devrait s'en sortir. Le ministre de l'Education nationale Luc Chatel s'était rendu jeudi au CHU de Montpellier au chevet de la professeure, décrivant une personne "en grande fragilité psychologique". "J'ai rencontré l'équipe médicale qui a pris en charge la professeure. A l'heure où je vous parle, sa situation de santé est extrêmement préoccupante", avait déclaré Luc Chatel, lors d'un bref point de presse en sous-préfecture de Béziers.
"C'est l'acte de quelqu'un de désespéré"
L’enseignante n’a laissé aucun document permettant d'expliquer son geste. Mais, selon les premiers témoignages recueillis sur place, la professeur de mathématiques était en conflit avec certains élèves qui la trouvaient trop sévère et contestaient ses méthodes. Elle aurait très mal vécu une explication houleuse intervenue mercredi. Lors d'une réunion parents-professeurs il y a une dizaine de jours, l'enseignante, qui portait des bleus et des traces de coups, s'était déjà montrée hostile à toute discussion, selon certains parents d'élèves. D'autres informations montrent que la professeur était très fragile depuis le décès de son neveu.Le ministre de l’Éducation nationale a précisé qu'elle "bénéficiait d'un accompagnement pédagogique et médical". Mais il a refusé de faire le lien entre ce geste désespéré et l'activité professionnelle de l'enseignante.
"C'est l'acte de quelqu'un de désespéré", a affirmé le procureur de la République de Béziers, Patrick Mathé, évoquant une "tentative de suicide en lien avec l'activité professionnelle" du professeur.
"Là, il faut vraiment qu'on ai des éléments qui nous permettent vraiment de comprendre quelles sont les raisons de cet acte. Là nous n'avons aucun élément d'explication confie Philippe Vilanier le recteur d'académie qui souhaite rester prudent sur les motivations qui ont poussé cette professeur à s'immoler.
Les élèves renvoyés chez eux
Sur place, au lycée, l’émotion est grande depuis jeudi. Tous les élèves ont été renvoyés chez eux jeudi dans la matinée. Une cellule psychologique a été mise en place au sein de l'établissement, qui compte plus de 3.000 élèves. Vendredi le lycée était resté ouvert pour accueillir élèves et enseignants désirant être entendus par la cellule de soutien psychologique.
"Le ministre partage la stupeur et la tristesse de l'ensemble des personnels et des élèves du lycée. Il a demandé tous les éléments pour tenter de comprendre les raisons qui ont pu conduire cette enseignante à ce passage à l'acte", a écrit le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, dans un communiqué.