Le retournement d'une l'éclisse, pour une raison qui reste à déterminer, a causé la drame de Brétigny.
L'INFO. Quatre jours après l'effroyable accident de Bretigny-sur-Orge, on en sait un peu plus sur les raisons de ce drame dans lequel six personnes ont perdu la vie. Selon la SNCF, c'est bien le retournement d'une éclisse, une pièce d'acier d'une dizaine de kilos faisant la jonction entre deux rails, qui a provoqué le déraillement. Heurtée par les roues du train, cette très grosse agrafe serait venue se coincer dans l'aiguillage. Mardi, Guillaume Pepy a confirmé cette version. "Nous sommes quasiment certains, à 99%, que l'origine immédiate du déraillement c'est le renversement de cette agrafe qui a conduit au déraillement d'un des essieux du train" car "une des voitures porte la trace du heurt avec cette agrafe", a souligné le patron de la SNCF.
La compagnie, qui appuie cette hypothèse grâce à des photographies, écarte ainsi la piste de l'anomalie mécanique. Lors de son interview télévisée de dimanche, François Hollande a assuré, tout comme Manuel Valls la veille, que la piste d'un acte malveillant n'était pas privilégiée. Explications.
Pourquoi écarter l'acte de malveillance ? Selon les spécialistes, il parait impossible de saboter une pièce d'acier telle qu'une éclisse en moins de 30 minutes, le temps écoulé entre le passage du train précédent et celui du tragique Paris-Limoge. Il suffit d'ailleurs de s'imaginer la scène : il faudrait d'abord descendre sur une voie en plein jour, à quelques mètres des quais bondés, puis déboulonner les quatre gros boulons, de 18 cm chacun, qui fixent l'éclisse. Une telle opération nécessite des outils spéciaux, très lourds et très imposants, entre deux passages de train. L'hypothèse du sabotage est en fait la moins plausible.
Quel défaut de maintenance ? C'est donc a contrario la piste la plus probable. La première possibilité est qu'il manquait un ou deux boulons sur la pièce dès le départ. Ce serait donc une faute de ne pas l'avoir vu. La seconde, c'est tous les boulons étaient bien là mais qu'ils se sont fendus, cassés en deux au passage du train. Cette hypothèse est probable notamment quand les voies se déforment, sous l'effet de la chaleur ou à cause des travaux. Dans ces cas de figure, les voies bougent en créant des pressions sur les attaches pouvant occasionner la rupture de la pièce.
Comment cela a-t-il pu se produire ? "Les enquêtes sont en cours pour déterminer pourquoi et comment cette éclisse s'est retournée et comment s'est déroulé exactement le scénario de la catastrophe", a expliqué Guillaume Pepy mardi. Selon lui, pour connaître la réponse, "il faut attendre quelques semaines ou quelques mois". Toutefois, pour éviter de telles ruptures, la SNCF est censée programmer des opérations de maintenance : dégripper des joints, desserrer légèrement des boulons, ou graisser les vis. Ces opérations ont-elles été effectuées? Les enquêteurs creusent cette piste. On sait que la dernière visite de surveillance a eu lieu de 4 juillet dernier. En coulisse, des cheminots expliquent cependant qu'en cas de gros risque de déformation de voies, les visites doivent être quotidiennes. Or ce n'a visiblement pas été le cas à Brétigny.