Déjà mis à pied la semaine dernière, David Roquet est désormais visé par une plainte pour "abus de biens sociaux" dans l'affaire dite du Carlton de Lille. Une plainte venue de son propre employeur, le groupe de BTP Eiffage.
David Roquet, qui était le directeur de Matériaux enrobés du Nord, l'une des filiales d'Eiffage, est soupçonné d'avoir financé grâce à des notes de frais des parties fines dans des hôtels, auxquelles aurait notamment participé Dominique Strauss-Kahn. Lors de sa garde à vue, David Roquet a déclaré qu'il avait payé "avec l'aval de (son) patron" 3.000 à 4.000 euros de billets d'avions pour rendre visite à Dominique Strauss-Kahn à Washington, rapportait Libération dans son édition de vendredi.
En se constituant partie civile, le groupe de BTP se pose en victime des abus de biens sociaux dont se serait rendu coupable, le directeur de la filiale. Mais pas seulement. La plainte vise également "tous ceux qui auraient abusé de leur fonction au détriment du groupe" dans cette affaire, a affirmé une porte-parole du groupe.
"C'est une opération de communication"
L'avocat de David Roquet, Me Eric Dupond-Moretti, dénonce de son côté l'hypocrisie du géant des travaux publics qui ne pouvait pas ne pas être au courant des pratiques de son salarié. "C'est quand même extrêmement surprenant cette façon de faire", déplore Me Dupond-Moretti. "S'il y a eu des abus de biens sociaux, ils ne se sont rendus compte de rien. La deuxième hypothèse, ils s'en sont rendus compte mais ils n'ont strictement rien dit", poursuit l'avocat de David Roquet.
"Il est mal venu qu'ils se constituent partie civile. C'est une opération de communication dans une politique de dédouanement. C'est une affaire de marketing. On se sert de la justice à des fins de lifting, si j'ose dire. Au bal des faux-culs, il y a toujours beaucoup de place", conclut Me Dupond-Moretti.
"Il est mal venu qu'ils se constituent partie civile" :
Dans cette procédure, le groupe Eiffage affirme vouloir coopérer à la manifestation de la vérité. Huit personnes ont été mises en examen, parmi lesquelles le propriétaire et des responsables de l'hôtel Carlton de Lille, ainsi qu'un avocat.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai doit examiner mardi l'appel interjeté par la défense contre l'ordonnance de fermeture temporaire du Carlton et d'un autre établissement lillois, l'hôtel des Tours. Elle doit également se pencher mercredi sur la demande de remise en liberté déposée par le propriétaire du 4 étoiles, Hervé Franchois