Lorsque les enquêteurs ont placé sur écoute le téléphone de René Kojfer, ils ont découvert que le chargé de relations publiques du Carlton se vantait d’être le fournisseur de prostitués pour tout "le gratin" lillois. Mais, mardi, lors de la première audition depuis sa mise en examen le 6 octobre, René Kojfer a minimisé son rôle dans cette affaire. La justice le soupçonne toujours d’avoir recruté des prostituées par l’intermédiaire de Dodo La Saumure, le proxénète belge.
"Franchise et spontanéité"
L’audition a duré près de six heures. Poursuivi pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" et écroué, il avait été le premier à avoir été mis en examen dans l'affaire. "Il a répondu avec beaucoup de franchise et beaucoup de spontanéité à toutes les questions qui lui ont été posées par les magistrats instructeurs", a déclaré Me Delarue, son avocat, à l'issue de l'audition.
Selon l'avocat, son client a été entendu sur les "deux tiers" du dossier le concernant. Il doit être de nouveau entendu début janvier. René Kojfer ne déposera de demande de remise en liberté qu'après cette nouvelle audition, même s'il n'est "pas gai" de passer les fêtes de fin d'année et son 70e anniversaire en détention. "Il souffre de problèmes psychologiques et de santé", a déploré Me Delarue.
"Naïveté, roublardise, vanité"
Cette audition a permis d’en savoir un peu plus sur la personnalité de René Kojfer. Son avocat, Me Delarue le décrit comme "un mélange de naïveté, un peu de roublardise" avec "parfois un goût immodéré de la vanité".
René Kojfer est soupçonné d'avoir mis en relation des prostituées avec des amis ou clients. Il "ne pensait pas que le comportement qui a pu être le sien aurait de pareilles conséquences", a ajouté Me Delarue, soulignant la différence de législation en matière de prostitution en France et en Belgique voisine. Le costume attribué à René Kojfer est "au moins cinq-six tailles au-dessus de la sienne, et en plus il a beaucoup maigri en maison d'arrêt", a ironisé l'avocat.
DSK : "il n’en sait pas plus"
Interrogé sur ce que savait son client au sujet de Dominique Strauss-Kahn, pour lequel certains protagonistes du dossier auraient organisé des soirées libertines avec des prostituées, Me Delarue a répondu : "on a déjà suffisamment à faire avec le premier tiroir" lillois de l'affaire. "Il a lu le journal (...) à la maison d'arrêt, mais il n'en sait pas plus", a-t-il ajouté.
René Kojfer, présenté comme un indicateur des services de polices et craignant pour son intégrité physique en détention, a été placé dans une aile de la maison d'arrêt de Sequedin, dans le Nord, où se trouvent des détenus sous le coup de sanctions disciplinaires ou dans une situation comparable à la sienne.