Carlton de Lille : deux parties civiles renoncent aux poursuites contre DSK

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Chloé Pilorget-Rezzouk avec AFP , modifié à
ESSENTIEL - La journée de lundi était consacrée aux plaidoiries des parties civiles dans l'affaire du Carlton, à Lille. Deux d'entre elles ont annoncé qu'elles abandonnaient leurs poursuites à l'encontre de DSK. 

Lundi a démarré la troisième et ultime semaine de procès de l'affaire du Carlton, à Lille. Une journée consacrée aux plaidoiries des parties civiles, dont deux ont abandonné leurs poursuites à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn, à la veille des réquisitions du parquet. 

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Deux parties civiles abandonnent leurs poursuites. C'est une décision plutôt inattendue qui a été prise, lundi après-midi, par deux des avocats des parties civiles. Me David Lepidi a ainsi annoncé : "Equipes d'action contre le proxénétisme retire sa constitution de partie civile à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn." L'avocat de l'association a plaidé que le procès n'avait pas permis de prouver qu'il était l'organisateur de ces parties fines bien qu'il en fut le bénéficiaire, venant confirmer l'hypothèse d'une probable relaxe pour le détenu le plus médiatique de cette affaire. Dans une plaidoirie plutôt confuse, il a toutefois chargé cette ancienne figure du Parti socialiste, déclarant : "Nous savons parfaitement que DSK savait tout" ou encore "DSK est un grand sachant des femmes. Il reconnaît à 300 mètres une libertine d'une prostituée."  

Son confrère Gilles Maton, qui défend quatre prostituées dont deux poursuivaient DSK, a également annoncé qu'il abandonnait ses poursuites contre l'ancien patron du FMI. Il a expliqué cette décision à Europe 1 : "[...]  Rien ne permet de manière totalement objective et indiscutable de démontrer les éléments caractéristiques d'une infraction de proxénétisme à l'égard de Dominique Strauss-Kahn. [...] Or, nous ne sommes pas devant une cour d'assises où l'intime conviction suffit, il faut un minimum de preuves indiscutables quasiment matérielles, et ces preuves font défaut." Et malgré la conviction intime des prostituées, qui sont convaincues que DSK connaissait leur statut, le procès n'a pas permis d'apporter de preuve. 

DSK, un "Sardanapale des temps modernes".  L'avocat du Nid, une association qui lutte contre les causes et conséquences de la prostitution, a quant à lui maintenu ses poursuites à l'encontre de l'ex-président du FMI. Lors de sa plaidoirie, Emmanuel Daoud a d'ailleurs dressé un portrait sans complaisance des principaux prévenus. En tête de cible, Dominique Strauss-Kahn, soupçonné de "proxénétisme aggravé" et dont les pratiques sexuelles ont été passées au crible durant trois jours d'audition, sans pour autant permettre d'étayer les charges pesant contre lui. "Il se comportait en Sardanapale des temps modernes, avec sa cour de serviteurs dévoués", avec un "sentiment d'impunité" dans "sa quête effrénée du plaisir", a lancé l'avocat, faisant référence au légendaire roi de Babylone du 7e siècle avant Jésus-Christ et au mythe de sa vie de luxure et de débauche. Dominique Alderweireld, dit Dodo La Saumure, n'a pas non plus été épargné, qualifié par l'avocat de "maquignon de la pire espèce" et de "proxénète cynique et retors".

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Un pari gagnant. Mais grâce à la médiatisation autour de DSK, ce procès a été l'occasion d'une "œuvre de salubrité publique" et de pédagogie sur la prostitution et ses dures réalités, s'est satisfait Me Daoud. "Ce n'est pas seulement le procès de ces quatorze prévenus qui s'est tenu, pas seulement celui du proxénétisme, de la prostitution, c'est aussi le procès de notre société", a-t-il déclaré en entamant sa plaidoirie. Celui qui avait fait le pari, avec l'association qu'il représente, de porter le débat sur la question de la prostitution, a estimé "le pari gagné".  Pour preuve selon lui, le Sénat a annoncé qu'il étudierait la proposition de loi pénalisant les clients de prostituées les 30 et 31 mars.

Hommage en alexandrins. Qualifiant ce procès de "hors norme par son casting et terriblement ordinaire par son objet", Emmanuel Daoud a conclu qu'après le témoignage des anciennes prostituées "nous ne ricanerons plus à l'évocation des parties fines". C'est d'ailleurs à ces femmes qu'il a rendu hommage. Comme le rapporte la chroniqueuse judiciaire du Monde, Pascale Robert-Diard, l'avocat du Nid a cité ces vers de Baudelaire, extraits du poème La Muse vénale pour saluer le courage des quatre prostituées constituées parties civiles, en particulier Mounia et Jade dont les témoignages ont marqué la salle d'audience : 

"II te faut, pour gagner ton pain de chaque soir,
 Comme un enfant de chœur, jouer de l’encensoir,
 Chanter des Te Deum auxquels tu ne crois guère,

Ou, saltimbanque à jeun, étaler tes appas
 Et ton rire trempé de pleurs qu’on ne voit pas,
 Pour faire épanouir la rate du vulgaire." 

Le réquisitoire du procureur de la République aura lieu mardi.