Son parcours était jusqu’ici sans tache. Le commissaire Jean-Christophe Lagarde a été mis en examen vendredi pour proxénétisme aggravé en bande organisée et recel d’abus de biens sociaux dans le cadre de l’affaire du Carlton de Lille. Il a été suspendu de ses fonction samedi.
Laissé libre, il a été placé sous contrôle judiciaire. La juge d'instruction avait pourtant requis son placement en détention. La décision du juge des libertés et de la détention constitue donc une véritable "victoire" selon l'un de ses avocats, Me Olivier Bluche.
Deux autres mises en examens
"Il sort libre, c'est une première étape. Le commissaire maintient n’avoir commis aucune des infractions qui lui sont reprochées", a déclaré son avocat. Pourtant, les dépositions recueillies par les enquêteurs laissent penser que le policier de haut rang a joué un rôle central dans le réseau de proxénétisme qui touche l'hôtel Carlton de Lille.
Dans le cadre de cette affaire, deux autres personnes, un homme et une femme, ont également été mises en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée et escroquerie. En tout, cinq personnes ont déjà été mises en examen dans ce dossier.
Une autre personne, un cadre dirigeant de la société des Matériaux et Enrobés du Nord, filiale du groupe BTP Eiffage, a été mis à pied par son entreprise, vendredi. Placé en détention provisoire depuis quelques jours, il avait indiqué l'existence de ces virées coquines à Paris ou à Washington qu'il finançait in fine.
Ancien adjoint de Michel Neyret
Jean-Christophe Lagarde a été interpellé jeudi matin à l’hôtel de police de Lille-Sud. Les enquêteurs cherchent à déterminer son implication dans l’organisation de déplacements de prostituées et de parties fines dans un hôtel parisien, avec la participation supposée de Dominique Strauss-Kahn. La justice enquête plus particulièrement sur trois voyages à New York.
Cet ancien adjoint de Michel Neyret, âgé de 47 ans, est décrit comme un "grand professionnel" par ses collègues. Après des débuts à Paris, il a rejoint la police judiciaire de Lyon, où il a notamment participé à la traque de Khaled Kelkal, l’ennemi public numéro un d’alors, considéré comme le cerveau des attentats à Paris en 1995.
Chef de la sûreté départementale de Lille depuis 2006, il avait procédé à l’arrestation du meurtrier présumé de Natacha Mougel, une joggeuse violée et tuée à Marcq-en-Baroeul en 2010. D’après Benoît Lecomte, secrétaire régional du syndicat Alliance, l’homme fait la "quasi-unanimité" parmi ses collègues, qui sont "navrés de ce qui lui arrive".